le petit caderoussier août 1927

15 juillet 2019

AOUT 1927

LE PETIT CADEROUSSIER
 
Bulletin Mensuel

Lisez et faites lire Conservez chaque Numéro
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SOCIETE DE LA BONNE PRESS DU MIDI
à VAISON (Vaucluse)

 
Le Petit Caderoussier
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 Caderousse, 10 juillet 1927
 Mes chers Paroissiens,
Ma lettre-chronique de ce mois sera très courte. Voulant réserver plus de place à l’histoire de l’Abbaye. Octobre approche : ne faut-il pas que pour l’inauguration de la statue de notre Bienheureuse, vous connaissiez tout ce qu’il m’est possible de vous apprendre sur cette gloire religieuse de Caderousse ? Aujourd’hui, donc, je ne vous écris que pour insister à nouveau, avec Monseigneur notre Archevêque, sur le pèlerinage à Lourdes des hommes et des jeunes gens de notre diocèse. Ce pèlerinage, catholiques pratiquants de ma paroisse, vous pouvez le faire, car les moyens financiers ne vous manquent pas, je n’ai pas à vous l’apprendre, vous le savez mieux que moi, vous devez le faire, car à quoi bon faire partie de la ligue ou de la Jeunesse Catholique, si ce n’est pas pour mettre sous les pieds le respect humain, et pour donner le bon exemple aux autres ? Allons, mes chers amis, ayez le courage de faire le bon mouvement que j’attends de vous. Venez vous faire inscrire pour Lourdes. Il n’est que temps.
 Votre Curé.
 Henri BLANC. 

Statistique Paroissiale
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Baptêmes.- Le 2 Juillet, Julia Roche, fille de Jean Pierre Roche et de Léonie Carrier, habitant Grande rue. – Le 3 juillet, Robert Gional, fils de François Giornal et de Louise Rigaud, demeurant aux Cabannes.
Mariage. – Le 25 Juin, M. Lucien Danté a épousé Mlle Marie Rose Raymond, choriste et congréganiste de la Sainte-Vierge. La bénédiction nuptiale fut suivie de la messe, pendant laquelle les choristes exécutèrent de pieux cantiques. Nous adressons aux nouveaux époux nos meilleurs vœux de bonheur.
Décès. – Le 21 Juin, Caroline Rieu, décédée à l’hôpital à l’âge de 76 ans, munie des Sacrements. – Le 30 Juin, Henri Bourret, décédé à l’âge de 73 ans, muni des Sacrements. Nous adressons à ces deux familles éprouvées, nos sincères condoléances.
Morts d’il y a un an.
Le 18 Août, Sabine Guéricolas, âgée de 74 ans.
Le 21 Août, Marie Millet âgée de 73 ans.

 HISTOIRE DE CADEROUSSE
CHAPITRE VIII
L’Abbaye de Saint Benoît
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Un exemplaire de ces Déclarations, imprimées en 1757, se trouve au Musée Calvet à Avignon, sous ce titre : Règle du Patriarche Saint Benoît avec les déclarations pour servir de constitutions aux religieuses de l’Assomption à Caderousse (Bib. Avignon, sus 2.903 fr.230).
Ces Déclarations ou Constitutions sont-elles dues uniquement à l’inspiration et au zèle pieux de Mgr de Tilly ? Les termes dont-il se sert lui-même dans sa lettre-préface sembleraient indiquer le contraire : « Nous avons fait adresser… » Non loin d’Orange, au bas du monticule qui porte le pittoresque pays de Sablet, florissait à cette époque l’abbaye de St-André des Ramières. L’affection que l’évêque témoigna toujours à cet abbaye, dans laquelle il se retira pour se prépare à la mort ; les relations qui s’établirent entre le monastère de Caderousse et celui de St-André-des-Ramières, relations qui ne cessèrent qu’à la grande Révolution, porteraient à croire que Mgr de Tilly eut recours aux bons offices de quelque religieux de St-André pour la rédaction de ces Constitutions. Mieux que quiconque, un fils de St-benoît, instruit, pieux, austère était apte à donner à la Règle du saint Patriarche, les interprétations qui convenaient pour établir un monastère de Bénédictines sur des bases solides. Quoi qu’il en soit, deux sortes d’abus, dans le cours des temps, ont eu raison des maisons religieuses les plus ferventes : l’esprit de propriété l’abandon de la vie commune. Les déclarations qui visent ces deux sortes d’abus, y mettent bon ordre, sur un ton qui n’admet pas de réplique. Voici d’abord ce que nous lisons sur la pauvreté : « Le vice de propriété est dans contredit le funeste poison, qui dans tous les temps a été la ruine et a occasionné la décadence de l’état monastique ; c’est pourquoi les sœurs se donneront bien garde d’y tomber, et pour cela n’auront rien en propre. Elles se serviront de ce que la Religion leur accorde avec tant de détachement, qu’elles soient toujours prêtes de le rendre au premier ordre de leur supérieure. Les pensions qu’elles pourront avoir, et dont il serait à souhaiter qu’elles puissent se passer, seront mises dans le coffre à trois clefs, où l’on doit tenir l’argent du monastère. Elles ne pourront s’en servir qu’avec la permission de l’abbesse, qui ne l’accordera que pour pourvoir à eus besoins, sans qu’il leur soit jamais permis de garder de l’argent en leur particulier. Les sœurs ne donneront, ni ne recevront rien de qui que ce soit, pas même de leurs parents, sans permission de leur supérieure. Tous les ans, le lendemain de l’Epiphanie, elles apporteront à l’abbesse, chacune en particulier, un mémoire exact des meubles et autres choses, qui leur auront été permises pour leur usage, afin qu’elles puissent retrancher le superflu, et ne laisser à chacune que l’honnête nécessaire. L’abbesse fera de temps en temps la visite des chambres des religieuses, pour examiner s’il n’y a rien de contraire au vœu de pauvreté. (Ch. 24 pp. 75 et 76).
Un peu plus loin, dans une autre déclaration, il est dit :
« L’abbesse pourvoira selon les facultés du monastère une nécessité des sœurs, de façon cependant qu’elle retranche des choses superflues et opposées à l’état de pauvreté qu’elles ont embrassé. Elle ne fera point acception des personnes, parce qu’elle doit également les aimer toutes en Jésus-Christ. Si par un effet de la Providence, on manquait de donner le nécessaire à quelqu’une des sœurs, elle s’adressera avec humilité à l’abbesse, pour lui représenter ses besoins ; et, dans le car d’un refus, elle le recevra de la main de Dieu avec une entière soumission aux ordres de la divine Providence, sans jamais donner aucun signe de plainte ni de murmure. Ce à quoi ne servira pas peu l’exemple de Jésus-Christ, qui a été un si grand modèle de pauvreté, pendant le cours de sa vie mortelle, qu’il n’avait pas même où reposer sa tête (pp. 77 et 78) ».
Quand à la vie commune, le livre des Déclarations y insiste d’une manière toute particulière. Dès la page douze il ordonne que « toutes les religieuses devront vivre en commun, sous une même loi, et sous une même abbesse, qui ne permettra, en aucune manière, la singularité comme ennemie de leur ordre et de l’esprit de religion. Il ne leur sera pas même permis de vaguer à la vie contemplative, au préjudice de la communauté ».
Sous la protection de Constitutions aussi sages et sous le gouvernement d’une abesse si éclairée et si sainte, l’abbaye de Caderousse connut une ère prospérité, et consola et l’évêque fondateur et sa mère fondatrice, l’abbesse Geneviève. La communauté ne dégénéra pas pendant ses quarante ans d’existence, même à la mort de cette dernière qui arriva en l’année 1768. Déjà en 1763, à la réquisition de Mgr de Tilly et du consentement de sa sœur, le pape Clément XIII, par un bref du 26 avril, confirma le décret de la Sacrée Congrégation des Réguliers, qui décidait « Que l’abesse de Caderousse ne serait élue que pour trois ans, avec facilité d’être réélue pour un nouveau triennat. Cependant ce décret ne sortirait son effet, qu’après la démission volontaire ou la mort de l’abesse Geneviève de Tilly ». Berbiguier nous dit que depuis 1768, il n’y eut que deux abbesses jusqu’en 1779. Quelles sont-elles ? Il ne les nomme pas ; et tous les registres de la communauté ayant disparu, il est impossible de combler cette lacune ; de même qu’il est impossible d’indiquer les noms des deux ou trois qui les remplacèrent. Par une heureuse fortune, les papiers de Martial Millet ont été conservés en partie ; ils sont maintenant au musée Calvet. L’obligeant M. Girard, le distingué conservateur actuel du Musée, a bien voulu les mettre à la disposition. Ces papiers contiennent une partie de la correspondance de madame Guérin, la dernière abesse de l’abbaye. Plusieurs lettres rendent un témoignage formel, en faveur de la régularité et de la ferveur de cette communauté. Elle répandait à Caderousse et dans les pays environnants la bonne odeur de Jésus-Christ. François et Geneviève de Tilly devaient être heureux dans le ciel d’avoir sacrifié eux et leur fortune à la fondation d’un monastère qui rendait gloire à Dieu et faisait si grand bien autour de lui. Malheureusement la Révolution survint : et cette œuvre, comme tant d’autre, hélas ! allait disparaître sous les coups des suppôts de Satan. Le 18 du mois novembre 1789, l’Assemblée Constituante enjoignait aux supérieurs des couvents et monastères de faire la déclaration du personnel, des biens mobiliers et immobiliers, des revenus et des charges de leur établissement. Dans les papiers de M. Millet, on a conservé une copie de cette déclaration faite par l’abbaye de Caderousse. Je cite actuellement, pour ce qui concerne le personnel.

 NOMS DES RELIGIEUSES

Madame Laurente Guérin, abbesse, âgée de 50 ans, native de Caderousse. – Marie-Rose la Rouvière, priture, âgée de 60 ans, native de Codolet en Languedoc, diocèse d’Uzès. – Jeanne-Elisabeth la Rouvière, sa sœur, âgée de 66 ans, du dit lieu de Codolet. – Marie-Marguerite Castion, âgée de 60 ans, native de Caderousse. – Anne-Rollet, âgée de 59 ans, native de Bezonce en Languedoc diocèse de Nîmes. – Suzanne-Agathe Deloye, âgée de 51 ans, native de Sérignan. – Marie-Rose Mialle, âgée de 50 ans native de Caderousse. – Marie-Thérèse Ycard, âgée de 55 ans, native de Laudun en Languedoc, diocèse d’Uzès. – Marie-Françoise-Félicite Castion, âgée de 51 ans, native de Caderousse. – Marie-Anne Labory, âgée de 48 ans, native de Lyon : dix religieuses – Notre communauté se trouve chargée d’une demoiselle de famille, native de Moulins en Bourbonnais, âgée de 27 ans, orpheline et qui n’a absolument aucune ressource du côté de la fortune.
La reconnaissance que nous conservons pour sa tante décédée depuis quelques années, qui a été notre abesse, et qui nous l’a recommandé en mourant, et à qui nous avons promis de ne pas l’abandonner, exige de nous l’aveu que nous serions sensiblement affectées si nous étions dans l’impossibilité de continuer à cette demoiselle nos secours dont elle s’est toujours rendue digne par sa bonne conduite et par son caractère.
Ce document porte que la communauté est propriétaire de 22 salmées de terres, près et vignes, louées à divers particuliers ; 44 salmées, situées au quartier des Agulhiades, menées par François Raymond ; 3 salmées et une éminée, quartier de Bayard, menées par Antoine Hersen. Elle n’avait pas d’autres revenus pour pourvoir à la subsistance de tous ses membres, et pour s’acquitter des charges qui pesaient sur elle.
L’Assemblée Constituante n’avait pris le décret du 18 novembre 1789, que parce qu’elle voulait confisquer les biens des communautés religieuse. Aussi dès le 13 février 1790 elle décréta : 1° que les ordres et les congrégations, dans le quels on fait des vœux monastiques, sont supprimés en France ; 2° que les membres de ces ordres et de ces monastères sont libres de sortir ; 3° que les religieuses pourront rester dans les maisons où elles sont aujourd’hui.
Que feront les Bénédictines de Caderousse ? Toutes resteront dans leur Communauté. Une lettre du vicaire-général de l’évêque d’Orange, M. le Chanoine Guillomont, du 31 décembre nous apprend que cette communauté se disposait comme tous les ans, d’après la prescription de ses Constitutions, de procéder au renouvellement de ses vœux, en la fête de l’Epiphanie de la nouvelle année qui commençait le lendemain. Pour présider cette cérémonie, l’abbesse Guérin avait invité M. Archidiacre. Celui-ci ne put accepter l’invitation. M. le Vicaire-Général en avise l’abbesse et lui dit : « Vous pourrez en conséquence prier celui des messieurs vos prêtres de Caderousse qu’il vous plaira, pour assister à la cérémonie du renouvellement de vos vœux. Je vous prie, Madame, de vouloir bien vous rappeler un peu de moi devant Dieu dans ce jour de ferveur.
Combien de temps encore nos Bénédictines purent-elles mener la vie commune ? Près de deux ans car le Comtat-Venaissin n’ayant été réuni à la France que le 14 septembre 1791, les lois de la Constituante ne pouvaient frapper la communauté du Comtat.
Ce n’est donc qu’après cette date, vers la fin de l’année 1792, que nos Bénédictines furent contraintes de quitter leur couvent. C’est bien l’opinion de M. le Vicaire-général Redon, dans sa brochure : Les 32 Religieuses guillotinées à Orange (Avignon et le Comtat nous dit-il furent réunis à la France le 14 Septembre 1791. Il fallut presque un an pour y organiser l’administration française et ce fut seulement à la fin du mois de Juillet (1792) qu’on exigea des curés et vicaires le serment schismatique prescrit par la Constitution civile du Clergé… et le 26 août, l’Assemblée législative décréta que tous les ecclésiastiques qui sont assujettis au serment et qui ne l’auront pas prêté, sont tenus de sortir de France, dans le délai de quinze jours, et que ceux qui n’auront pas obéi seront déportés à la Guyane. Les Religieuses ne furent pas oubliées. D’après les Décrets du 17 et 18 août, elles durent quitter leur costume religieux et évacuer, au 1er octobre prochain, les maisons qu’elles occupaient encore.
Mon opinion est que les Bénédictines de Caderousse se dispersèrent dans le courant de septembre 1792, pour rentrer, la plupart, dans leur famille. Elles ne laissèrent dans l’abbaye que deux respectables dame et demoiselle, Mlle de Rotriseau et Mme de Fortia, qui s’y conservèrent dans les temps les plus orageux de la Révolution (Berb. Page 50). Ainsi finit l’histoire de l’abbaye de N. D. de l’Assomption de Caderousse. Mais elle avait abrité et formé une religieuse, qui perpétuera jusqu’à la fin des temps son nom, illustre, dans la famille si nombreuse du Patriarche St-Benoît :
La bienheureuse Marie-Rose
Née Suzanne-Agathe Deloye.
 H. B.
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L’ENNEMI
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T’as lu le discours du Ministre à Constantine ?
- Oui, répliqua Roger à Prosper : le mot va devenir fameux Le Communisme voilà l’ennemi.
- Et tu approuves ?
- Oh ! sans fièvre…
- Tu m’étonnes.
- C’est pourtant simple… Je ne nie pas que le Communismes ne soit dangereux. Il a saccagé la Russie ; l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Italie, l’Espagne, la Pologne s’en méfient à bon droit, s’il l’emportait en France, ce serait le retour à la barbarie et plus d’un qui le favorise s’en mordrait cruellement les doigts… mais au fond il n’est que la Résultante logique de la lutte menée contre l’Eglise à la suite du mot de Gambetta, « le cléricalisme, voilà l’ennemi ».
- Par exemple ? – Mais oui c’est fatal. L’église catholique a greffé sur l’empire romain, la civilisation… Quand les Barbares submergèrent Rome, c’est encore l’église qui les civilisa, c’est elle toujours qui par ses missionnaires civilise les sauvages d’Afrique ou Océanie… La combattre c’est arrêter le progrès de la civilisation, c’est revenir à l’état primitif.
- Et alors ? – Et bien, alors, au lieu de crier : le Communisme « voilà l’ennemi », on ferait beaucoup mieux d’observer que le véritable Ennemi, c’est surtout le Laïcisme, c’est-à-dire le Paganisme.
- La preuve ? – Regarde nos villages qui meurent. Pourquoi descendent-ils de 1800, 1500, 1000 habitants à 1100, 800 et 500 à peine ? Parce qu’on y a persécuté l’Eglise qui en avait créé la prospérité. Remarque ceci : ils ont commencé à déchoir surtout depuis 40 ans, c’est-à-dire depuis qu’on a chassé les Frères, les Sœurs… Les familles sont devenues de moins en moins nombreuses ; le dégoût de la campagne a grandi ; la politique a divisé, aigri, rendu méchant, badaud… à mesure qu’on déserte l’église, les maisons se vident, tombent en ruines ; le village dépérit… c’est alors qu’il devient la proie du Communisme parce que d’abord il a été laïcisé…
- Le Remède ? – Il est clair : Ouvrir les yeux. Reconnaître qu’on a fait fausse route ; que bien loin de diminuer l’humanité, la Religion catholique est ce qu’il y a de meilleur pour grandir, moraliser, civiliser l’Homme, lui procurer de saines joies, épanouir son esprit et son cœur, assurer la prospérité des pays comme des nations… Souviens-toi… Quand nous étions petits, combien le Dimanche était plus gai… on allait tous à la Messe ; on chantait ; après, on causait sur la place… c’était le rendez-vous des familles… on était endimanché ; on pensait tous de même ; on y allait franchement… aujourd’hui, on a peur ; on se regarde comme des chiens de faïence ; on s’épie ; on s’ennuie… Ce qui nous tue, c’est le laïcisme.
- Si encore il avait fait diminuer les impôts ?...
Hélas !... Je vois donc que la Franc-Maçonnerie nous a roulés… Les Frères 3 points se sont servis de nous, pauvres villageois, pour s’offrir de riches revenus : gouvernement d’Algérie, d’Indo-Chine, ministères, représentation à la Société des Nations et le reste… Nous avons été des naïfs.
- Et vous êtes en train de devenir « les fossoyeurs de la France… » Oui, le Laïcisme, voilà l’ennemi…
 François REGIS.
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 SCENES VILLAGEOISES

R A O U L
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C’était un brave jeune homme de dix-sept ans Raoul F… une nature ardente, que j’aimais beaucoup à cause de sa franchise.
Il était membre de la Jeunesse Catholique ; on l’avait même nommé trésorier.
Pourtant il ne fit pas ses Pâques en 1918.
Entrainé par de mauvais camarades, il déserta, pour la première fois, le poste d’honneur.
Peu après, il se présenta pour être parrain, au baptême d’une petite parente.
Je le refusai net :
« Comment, lui dis-je, pourrais-tu remplir tes nouveaux devoirs ? Surveiller la conduite religieuse de ta filleule, en lui donnant le mauvais exemple, d’une abstention essentielle et coupable ? »
On chercha donc un remplaçant parmi les vrais catholiques, mais tous étant aux champs on n’en trouva pas un seul…
Devant ce cas de force majeure, je cédai, mais à une condition. J’exigeai du parrain l’accomplissement du grand devoir des chrétiens, dès qu’il le pourrait…
Le brave Raoul promit. Il parut sincère, et tous furent témoins de son serment.
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Un soir de novembre de la même année, on vint me chercher pour le pauvre Raoul qui allait mourir !... J’accours aussitôt et je trouve mon ami dans une extrême faiblesse et rempli d’excellentes dispositions.
Il se confesse bien pieusement et reçoit les suprêmes Onctions, sans avoir la force de recevoir le saint Viatique, malgré son ardent désir…
Il promet à nouveau de le faire dès qu’il le pourra.
Et même, se faisant illusion sur la gravité de son état, il ose promettre encore davantage :
« Monsieur le curé, me dit-il, j’ai eu tort, et je veux réparer le passé… Non seulement on me verra dimanche à la Sainte-Table, mais, de plus, ce même jour, on m’entendra… Je veux être le soliste du Credo, comme autrefois… »
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Le lendemain, tandis que les cloches chantaient joyeusement la signature de l’armistice et l’espérance de la paix prochaine, j’accompagnai à sa dernière demeure, le corps de Raoul, entouré des membres de la Jeunesse catholique.
De retour de la cérémonie funèbre, je suppliai, avec force, les excellents jeunes gens de ce groupe, de ne pas différer à tenir les promesses faites à Dieu !...Ils me promirent tous en pleurant. Cette mort si rapide les avait impressionnés !...
 Henry VEZIAN.
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 Page d’Evangile
LA PARABOLE DU BON SAMARITAIN
(Saint Luc, chap. X)

(Cet Evangile sera lu à la messe du 12e dimanche après la Pentecôte 28 septembre)
Au temps de Notre Seigneur les Juifs avaient une tendance à considérer tous les autres peuples comme des ennemis et des maudits, et non comme des frères. Un Docteur de la loi, imbu des préjugés étroits de sa nation, s’est approché de Jésus pour lui tendre un piège et lui poser cette question délicate : « Qui est mon prochain ? »
Le divin Maître lui répond par cette belle parabole :

I- ATTAQUE PAR LES VOLEURS

30- Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho et il tomba entre les mains des voleurs, qui le dépouillèrent et le couvrirent de plaies, et s’en allèrent le laissant à demi-mort.
Explications. Pour aller de Jérusalem à Jéricho il fallait descendre en pente rapide, durant six ou sept heures, à travers un désert de rochers et de précipices. Aujourd’hui encore cette route est mal famée et fréquentée par de nombreux bandits, arabes pillards du désert qu’on appelle les Bédouins. On ne peut s’y engager sûrement sans une nombreuse escorte armée en guerre.
Les brigands avaient dépouillé à fond le malheureux voyageur, et, selon leur coutume, ils lui avaient même volé ses vêtements. Et comme sans doute il s’était défendu, ils l’avaient accablé de coups et laissé sans connaissance sur le bord du chemin.
La mort devait survenir à brève échéance, sans un hasard providentiel qui allait amener successivement sur ce même lieu trois nouveaux personnages.

II- LE PRËTRE, LE LEVITE ET LE SAMARITAIN

31. Or il arriva qu’un prêtre descendait par le même chemin, et en le voyant il passa outre.
32. Pareillement un lévite, étant venu en ce lieu, le vit et passa outre.
33. Mais un Samaritain qui voyageait vint près de lui, et en le voyant fut touché de compassion.
Ce prêtre Juif venait sans doute d’achever sa semaine de service au temple de Jérusalem et s’en retournait chez lui à Jéricho.
Il voit le malheureux étendu par terre et baigné dans son sang. Mais de peur de s’attirer quelque histoire de la part des voleurs qui n’étaient peut-être pas loin, il hâte le pas et se détourne de son frère sans avoir pitié de lui.
Bientôt survient un Lévite. On appelait Lévite, une des douze tribus d’Israël. C’étaient les descendants de Lévi un des 12 fils de Jacob. Dieu les avait désignés à Moïse pour être à perpétuité les ministres de la religion Judaïque. Ceux d’entre eux qui faisaient partie de la famille d’Aaron étaient de droit prêtres du Seigneur : ils avaient l’autorité spirituelle et offraient les sacrifices. Les autres (les simples lévites) étaient leurs auxiliaires dans les cérémonies sacrées, les chants et la police du temple.
Les uns et les autres avaient reçu une éducation et une consécration spéciales qui, dans la circonstance présente, rendait doublement coupable leur manque de charité.
Le Samaritain au contraire n’appartenait pas au peuple de Dieu, ou plutôt ses ancêtres s’étaient séparés des Juifs ; de là, entre les deux nations, une inimitié profonde. Les Juifs regardaient les Samaritains comme des traitres et des renégats, et les mettaient dans leur estime au-dessous même des payens et des idolâtres.
Et cependant quelle différence entre les sentiments du Samaritain charitable et qui sent son cœur ému de compassion, et ceux des deux Juifs égoïstes ! Quelle différence dans leur conduite ! un Samaritain va faire avec amour ce qu’ils ont négligé si honteusement !

III. SECOURS AU BLESSE

34. Et s’approchant il banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; il le mit sur sa monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.
35. Et le jour suivant il prit deux deniers, les donna à l’aubergiste et dit : Ayez soin de lui ; et tout ce que vous dépenserez de plus je vous rendrai quand je reviendrai.

Sans s’arrêter à la pensée que les brigands ne sont peut-être pas loin et qu’il court lui-même un grand danger, il se met à panser de son mieux les plaies du malheureux.
Les bander était bien la première opération à faire pour arrêter l’épanchement du sang. Tout en s’y livrant, il versait le mélange d’huile et de vin qui, depuis, a porté son nom et qui est bien connu dans les préparations pharmaceutiques sous le titre de Baume du Samaritain (mi-partie huile et mi-partie vin). Le vin devait purifier la plaie, et l’huile en calmer l’irritation. Les Orientaux voyagent rarement sans emporter, parmi leurs provisions de bouche, une petite quantité de ces deux liquides.
Et le voilà maintenant qui place le pauvre blessé sur sa monture allant lui-même à pied et soutenant doucement le malade.
Ils arrivent à l’auberge, modeste caravansérail à la mode d’Orient, où le voyageur trouve le gite, une sécurité relative et même parfois quelques provisions.
Il soigne lui-même son blessé, et après avoir passé la nuit, obligé de reprendre sa route, il le confie au maître de l’hôtellerie (stabulario, dit le texte latin ; à l’establaire, traduisions-nous en provençal).
Il tire de sa bourse deux deniers ; Le denier valait presque un franc et représentait alors le prix d’une journée de travail. On pouvait à cette époque se procurer avec vingt sous plus de denrées qu’aujourd’hui avec vingt francs. Et ayant ainsi payé par avance les dépenses urgentes, il s’offre à compléter la somme, si besoin en est, dès son retour. Ce Samaritain n’est-il pas le type parfait de la charité et de la délicatesse chrétienne ?

IV - MORALE DE LA PARABOLE

Le divin Maître ayant achevé son admirable parabole se retourne vers son principal interlocuteur, vers ce Docteur de la Loi qui lui avait posé cette question captieuse :
« Qui est mon prochain ? » et lui pose à son tour une contre-question :
36 – Lequel de ces trois vous parait avoir été le prochain de celui qui tomba aux mains des voleurs ?
37 – Il répondit : Celui qui a exercé la miséricorde envers lui. Et Jésus lui dit : Allez et faites de même.
Le Seigneur venait de montrer avec force à son antagoniste que la différence de religion, les préjugés de race, les haines invétérées et à plus forte raison, dirions-nous aujourd’hui, les misérables querelles de la politique n’empêchent pas les hommes d’être vraiment « le prochain » les uns à l’égard des autres ; enfants du même père qui est Dieu, nous devons tous nous aimer comme des frères.
Aimez votre prochain comme vous-même. Faites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fit à vous-mêmes ». C’est là, la moelle de la morale évangélique. Bien plus, Notre Seigneur désignera un jour ses Apôtres l’Amour du prochain comme la marque caractéristique et infaillible du vrai chrétien :
« C’est à ce signe qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres ».

V – QUESTIONS ET REPONSES

1 – Que représentent les divers personnages de cette parabole ?
- L’homme qui descend de Jérusalem à Jéricho, et qui est dépouillé et laissé pour mort, c’est le genre humain tout entier qui, par le péché originel et tous les péchés actuels, est déchu de son innocence et a perdu toutes les grâces que Dieu lui avait données en le créant.
Les Voleurs qui le blessent et le dépouillent sont les démons et tous ceux qui sur terre se font leurs complices pour affliger les corps et les âmes.
Le prêtre et le lévite qui passent sans secourir ce malheureux représentent la loi de Moïse avec tous ses sacrifices et ses cérémonies, incapables de guérir nos blessures.
Le bon Samaritain, c’est Jésus-Christ qui n’a pas craint de descendre de sa monture, ou mieux de son trône de gloire, pour se mettre au service de toutes nos misères.
L’hôtellerie où il porte son malade est l’Eglise .L’huile et le vin sont les sacrements. Ceux à qui il recommande le blessé, ce sont les pasteurs de l’Eglise qui devront le remplacer en attendant son retour c’est-à-dire le grand jour du jugement et du règlement définitif de tous les comptes.
2 - Depuis Notre-Seigneur, qui a eu soin des pauvres, des malades et des deshérités ?
- L’Eglise, et toujours l’Eglise, comme une mère bienfaisante, elle s’est penchée sur toutes les misères matérielles ou morales.
Qui a bâti les hôpitaux, les orphelinats, les léproseries et les refuges de toute sorte ? Qui les a dotés ? qui se dévoue pour soigner les maladies les plus répugnantes ? C’est toujours l’Eglise et ses fidèles enfants.
Et si ses enfants, ses religieux et ses religieuses, n’étaient pas à chaque instant traqués, et dépouillés, si on la laissait libre d’exercer sa mission bienfaisante, il n’y aurait bientôt plus sur terre aucune souffrance sur laquelle elle ne se penche avec amour pour l’adoucir et la consoler.
A côté de cela que font ses adversaires ? où sont leurs Sœurs de charité ? N’est-ce pas un scandale que tels directeurs de l’Assistance publique aient un traitement annuel de cent mille francs prélevés sur le budget des pauvres et les vieillards ? Chose qui ne s’était encore jamais vue dans l’histoire du peuple français !
D’autres aussi se posent en champions de la philanthropie et font parade de leur amour du peuple. Mais au lieu de répandre sur les plaies du pauvre monde le baume du Samaritain (le vin qui nettoie et l’huile qui adoucit), ils ne versent que trop souvent le vinaigre qui irrite, quand ce n’est pas le vitriol qui brûle et empoisonne.
Ce n’est pas avec des procédés semblables qu’ils guériront les plaies (plus ou moins inévitables) de notre humaine nature. Cette méthode est condamnée par l’Evangile et par le plus élémentaire bon sens.
Qu’en pensez-vous, mon cher lecteur, n’est il pas temps d’imiter les gestes du bon Samaritain de quitter les sentiers mortels, de l’indifférence et de la haine, et de suivre enfin le conseil du Sauveur qui nous dit à tous :
 « Allez, et faites de même ! »
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INVOCATION A DIEU
Que dès notre réveil notre voix te bénisse ;
Qu’à te chercher notre cœur empressé
T’offre ses premiers vœux, et que par toi finisse
Le jour par toi saintement commencé.
Nous t’implorons, Seigneur ; tes bontés sont nos armes,
De tout péché rends-nous purs à tes yeux :
Fais que, t’ayant chanté dans ce séjour de larmes,
Nous te chantions dans le repos des cieux.
 RACINE

DANS CE MOIS D’AOÛT
Dates à remarquer
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6 Août, Samedi – La Transfiguration de Notre Seigneur sur le mont Thabor. Recueillons, en cette fête, la célèbre parole de Dieu le Père : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances : écoutez-le ».
9 Août, mardi – Le saint curé d’Ars, la gloire du clergé de France.
15 Août, lundi – L’Assomption de la Sainte Vierge, patronne de la France. Nos anciens disaient :
« Le royaume de la France est le royaume de Marie ».
24 Août, mercredi – St-Barthélémy, apôtre. Il subit un terrible martyre en Arménie, où il fut écorché tout vif.
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 Fleurs des Saints

SAINT LAURENT SUR LE GRIL
(Fête le 10 Août)
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Laurent était le diacre, c’est-à-dire l’assistant assidu du pape Sixte. Une grande persécution venait d’éclater à Rome contre les chrétiens. Le pape fut arrêté un des premiers et enfermé dans la prison Mamertime, la même prison où avaient été internés saint Pierre et saint Paul.
Le jour où on conduisit le pape Sixte au supplice, Laurent vint au devant de lui et lui dit : « Saint Pontife, comment pouvez-vous aller au sacrifice sans votre diacre, qui jusqu’ici à toujours eu le bonheur de vous suivre à l’autel ? Le diacre ne doit jamais être séparé du Pontife, pourquoi me laissez-vous ainsi orphelin ? »
Et Sixte lui répondre :
« Consolez-vous, mon fils, vos souhaits seront bientôt accomplis. Le ciel vous réserve pour un plus grand triomphe. Dans trois jours vous me suivrez ». C’était le 6 Août ; le 10 Août Laurent suivait le pape dans le martyre.
En effet, lorsque le pape fut mort, les soldats rapportèrent à l’empereur que le jeune diacre Laurent avait caché les « trésors du Pontife ». L’empereur le fit comparaître devant lui et lui ordonna de lui livrer tous les biens dont il était dépositaire.
« Je les produirai, dit-il, pourvu qu’on me donne le temps de les réunir ».
On lui accorda une journée pour cela. Laurent s’empressa alors de réunir tous les pauvres à qui il distribuait des aumônes ; il vint devant l’empereur, à la tête de cette humble foule, et dit au tyran : « Voici les trésors de l’Eglise ! »
L’empereur, à la vue de cette foule de vieillards et d’estropiés crut que le jeune diacre se moquait de lui et il résolut de le faire mourir.
Il imagina un supplice raffiné. Il ordonna qu’on le fit rôtir à petit feu sur un gril de fer. Les bourreaux étendirent le saint sur ce fer déjà fortement chauffé. On entretenait le feu par-dessous, mais on le ménageait de telle manière que son corps ne put être grillé que peu à peu, afin que la douleur en fut plus longue et plus vive.
Mais l’amour de Dieu entretenait un tel feu dans l’âme du martyr, qu’il ne sentait pour ainsi dire pas le feu matériel qui le consumait.
« L’amour est aussi fort que la mort ». Sa joie était si grande que lorsqu’il fut tout grillé d’un côté, il dit aux bourreaux en plaisantant qu’étant déjà assez rôti de ce côté, ils n’avaient qu’à le faire rôtir de l’autre.
Sa joie était si visible qu’un grand nombre de païens, qui assistaient au supplice, se convertirent, comprenant que le Dieu de Laurent était plus puissant que tous les faux Dieux de l’empire, puisqu’il donnait une telle force d’âme à ses martyrs.
N. B. – On voit à Rome le gril sur lequel Saint Laurent souffrit le martyre et la dalle romaine sur laquelle coulaient ses chairs calcinées. Des tâches noires conservent parfaitement l’empreinte du sang du martyr.
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LA FÊTE D’UNE MERE
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Henri et Louise se sont levés de grand matin : c’est que c’est la fête de leur mère.
Après avoir fait leur petite prière à son intention, ils sont descendus au jardin ; ils ont cueilli les fleurs les plus belles et en ont formé un bouquet.
Ils se sont ensuite rendus tous joyeux auprès de leur mère. Louise a présenté le bouquet et Henri a lu le compliment, qu’il avait composé la veille et transcrit de son mieux sur une jolie feuille de papier.
« Chère maman, disait-il, nous sommes heureux, en ce jour de votre fête, de venir ensemble vous dire combien nous vous aimons.
« Vous travaillez pour vos chers enfants, et nous, qui sommes si jeunes, nous ne pouvons encore travailler pour vous. Nous n’avons à vous présenter, chère maman, que ce bouquet et notre cœur, avec la promesse de faire toujours tout ce que vous désirez de nous.
« Nous offrons en même temps au Bon Dieu nos prières pour vous. Nous lui demandons, par l’intercession de votre sainte patronne, de vous rendre heureuse et d’exaucer tous vos veux ! »
Et la mère reçu avec une douce joie le bouquet et le compliment, ou plutôt le cœur de ses enfants bien-aimés.
Oh ! Qui pourrait compter les bienfaits d’une mère ?
A peine nous ouvrons les yeux à la lumière
Que nous recevons d’elle, en respirant le jour,
Les premières leçons de tendresse et d’amour
 DUCIS

LE MARTEAU
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Un forgeron, nommé Pierre, n’avait pas voulu prêter son marteau à trois de ses compagnons de travail, Jean, François et Joseph, qui successivement, le lui avaient demandé.
Or il arriva qu’il brisa le manche du sien.
S’adressant à Jean, il lui dit : « Prête-moi ton marteau, car mon fer est prêt à être frappé, tandis que le tien commence à peine à chauffer.
- Tu m’as refusé dans un cas semblable, répondit Jean ; ne trouve pas mauvais que j’agisse de même envers toi ».
Alors Pierre se tourne vers François et lui fait la même demande. Celui-ci, lui reprochant sa faute, lui dit : « Tu n’as pas voulu me prêter ton marteau, mais je veux être meilleur que toi : tu peux te servir du mien ».
Pierre fut vivement blessé de ces paroles, et il était résolu de retirer son fer du feu, plutôt que de se servir du marteau de François. Mais Joseph le prévint, en lui disant avec bonté : « Pierre, voici mon marteau : je suis heureux de pouvoir te l’offrir ; et même si tu préfères, je vais forger moi-même ta pièce pendant que tu iras faire emmancher le tien ».
Et bien ! Mes bons amis, que pensez-vous de la conduite de ces ouvriers ?
Pierre a été égoïste, et il a été puni.
Jean a été rancunier : il a rendu le mal pour le mal.
François a été méprisant, orgueilleux : il a fait des reproches à Pierre et s’est vanté d’agir mieux que lui.
Joseph seul s’est comporté comme le prescrit l’Evangile : il a su prévenir son camarade et lui rendre le bien pour le mal.

 L’Armana prouvençau

LOU CERCO – POUS
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L’autre an, Nineto, servicialo vers Moussu Gervàsi, rescontro sa cambarado Simouno :
- Moun Diéu ! Simouno ! ié dis, siéu perdudo ! Noste Moussu vai m’embandi !...
- Que t’arribo, Nineto ?
- Anave tira d’aigo : ai nega moun ferrat dins lou pous !
- E pèr acò, te despoutèntes ansin ? Ah ! bèn, vai, se vèi que siés de Mouriero ! Sies uno bestiasso… Eh ! dogo à Gisclet de te presta soun cerco-pous. Lou traira dins lou pous, e te cercara toun ferrat. Em’acò, bello finido.
E Nineto courreguè lèu vers Gisclet, que ié prestè soun cerco-pous, un famous cerco-pous, croucu d’eici, croucu d’eila, croucu de pertout, emé de cordo tant que n’en falié pèr furna lou pous lou plus founs. E zou ! Nineto trais l’engen, n’en estaco la cordo à la carrello, e vai lèu vèire se soun toupin boui.
Au bout d’uno miechoureto, Nineto vai davera soun ferrat. Destaco la cordo, tiro. – Rèn !
Alor, nèco, e touto desoulado, tourno rèndre lou cerco-pous à Gisclet :
- Velaqui voste cerco-pous, ié dis. Un poulit cerco-pous, qu’a ni biais ni biasso…
- Dises, Nineto ?
- Que i’a tout aro uno grosso ouro que cerco, voste famous engen, e qu’a rèn atrouba.
E Gisclet s’estrasso la pèu dou rire. Mai, pèr pas coumproumetre lou bon renoum de soun cerco-pous, l’aganto d’uno man, pren Nineto de l’autro, la meno au pous, trai l’engen din lou pous, e dins un vira-d’iue acroco lou ferrat : - Tè, bestiasso, ploures plus : vetaqui toun ferrat.
- Hoi ! faguè Nineto, espantado… Ah ! bèn, n’an pas tort de dire que vau mai un que saup que cènt que cercon !
 LOU CASCARELET 81
 

LE COIN DES CHERCHEURS

I. Réponses aux devinettes de Juillet.
N° 160 - Mélange de lettres : Roc-co ; N° 161. Enigme : La plume à écrite ; N° 162. – Charade : fa-mine. 

II. Nouveaux jeux d’esprit.
N° 163 - Suppression d’initiale (par un rhumatisant de Piolenc)
 Dans l’escalier je soutiens sans ma tête,
 Les pauvres malheureux,
 Qui sont, avec ma tête,
 Durant quelques instants boiteux.
N° 164. Charade (envoi d’un aubergiste Comtadin).
 Mon tout est mon premier,
 Devenu mon dernier ;
 Bouche bien tes tonneaux, prévoyant hôtellier !
N° 165. Enigme (de Cendrillon provençale)
 Je suis un meuble nécessaire,
 Principalement en hiver ;
 Prenez-moi dans un sens contraire,
 Je suis un affront. C’est tout clair.
N° 166. Devinaio (pèr Cascareleto Paludenco)
 Ai ges d’iue, ges de man, ni tèlo, ni pincèu,
 Ni coulour, ni papié, ni creioun, ni pastèu ;
Pamens de tu farai un retra (pourtrè) bèn fidèu.

 FIN 
 
 Impr. Bonne-Presse du Midi – Vaison Le Gérant N. MACABET