Le petit Caderoussier aout 1926

7 janvier 2019

AOÛT 1926

LE PETIT CADEROUSSIER
 
Bulletin Mensuel

Lisez et faites lire Conservez chaque Numéro
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SOCIETE DE LA BONNE PRESS DU MIDI
A VAISON (Vaucluse)

LE CODE CATHOLIQUE
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Se discipliner (fin)
Ne nous le dissimulons pas : cette forte et sévère maîtrise de soi ne s’acquiert pas en un jour. Les tempéraments, les éducations si disparates, et surtout la formation de la conscience à laquelle de si nombreuses influences ont collaboré en augmentent, en diminuent ou en modifient la conquête.
Or le besoin de la discipline catholique est pressant. Tous les partis politiques en ont inscrit à la première page de leur statut, la doctrine et le commandement. Et les troupes ainsi éduquées en acceptent l’obligation. Elle est d’ailleurs logique. S’inscrire à un groupement c’est faire par avance un acte d’abnégation et une promesse de fidélité. Ni l’une ni l’autre n’est possible sans une discipline volontairement sinon joyeusement subie par tous les adhérents : et le jour où le lien s’en relâche, le groupement a virtuellement vécu, l’édifice est en principe ruiné. Il suffit de laisser faire le temps qui dispersera bientôt des pierres que le ciment primitif a cessé de relier entre elles.
Si l’Eglise catholique n’a pas à craindre un tel écroulement c’est que précisément la discipline de ses membres, sous l’autorité de son chef, est chez elle plus forte et plus surnaturellement établie. C’est qu’elle s’étend à tout l’homme qui accepte comme siennes les pensées de l’Eglise, obéit à ses décisions, s’afflige de ses peines et se réjouit de ses victoires. Sentiment, aspirations, actes et démarches tout y est coordonné, et relié harmonieusement à la pensée et aux décisions du chef. – Et celui-ci n’est ici-bas que le représentant et le vicaire du Maître et du pasteur invisible qui, déjà maître de toutes choses par sa nature divine, a conquis, par son sang, un droit nouveau à l’obéissance de ses fidèles.
Là se trouve la raison dernière de notre soumission aux lois et aux désirs de l’Eglise. Là réside le vrai motif de la discipline catholique.
Mais si nous acceptons pour le dogme et la morale ces commandements, il s’en faut, et de beaucoup, que nous montrions la même obéissance à des consens qui ne touchant pas à la foi, au moins directement, prétendent à nous diriger dans notre vie sociale.
Les Souverains Pontifes ont écrit d’admirables encycliques sur les conditions économiques de la vie contemporaine, ils ont tracé la ligne sûre des droits et des devoirs de chacun, ils ont donné la charte du travail chrétiennement compris. Et tout en laissant aux ouvriers et aux patrons le soin d’ajouter la théorie à la pratique, ils ont émis des principes intangibles dont les uns et les autres doivent avant tout tenir compte. Ils ont fait davantage.
Persuadés que nos libertés essentielles ne sauraient nous être rendues que par des réclamations concertées et unanimes, ils ont voulu une action concordante et résolue.
Et tous ces objets sont aussi l’objet de la discipline catholique.
Mais, avouons-nous, sans hésitation. Sur ces points, essentiels pourtant notre entente laisse encore quelque peu à dérirer. Nos préférences politiques (qui d’ailleurs ne sont pas en cause ni en discussion) quelques restes d’un certain esprit d’égoïsme, l’amour de nos aises, l’horreur de nouveautés qui ne paraissent nouvelles que parce qu’on les avait oubliées, ont empêché, et empêchent encore de très braves gens d’être totalement catholiques.
Cela ne durera pas. Et il est très doux de penser qu’un jour viendra, où dans le seul troupeau réclamé par le Maître, il n’y aura plus qu’un seul cœur et une seule âme, où les divisions passagères feront place à l’union absolue qui, elle, est éternelle.
 J. M.
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Le Petit Caderoussier
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 Caderousse 10 Juillet 1926
Mes chers Paroissiens,
Le dernier numéro du Petit Caderoussier vous suppliait de sauver vos enfants. Il vous demandait de vous mettre à cette œuvre de salut, sans plus de retard, pour réjouir le cœur du divin Enfant de la crèche. Il aime tant ses petits frères  ! Et ses petits frères l’ignorent  ! Ce n’était pas la première fois, mes chers Paroissiens, que vous entendiez ce cri sortir de mon âme angoissée. Votre curé est obsédé le jour, la nuit, du ravage effrayant que l’Ennemi de Dieu fait dans les parterres des enfants qui pourraient être si beaux, si séduisants. Et cette obsession n’est pas le fruit d’un tempérament maladif  ; mais le résultat qui s’impose, de l’observation la plus attentive et la plus froidement raisonnée. Comme dirait la science de nos jours : ‘Elle est, chez moi, le phénomène produit par un fait permanent, brutal, qui saute aux yeux, que les aveugles eux-mêmes peuvent palper’.
Oui, les enfants se perdent de plus en plus  ; et les jeunes gens sont complètement perdus  ! Comptez les jeunes gens qui viennent à l’église, qui savent encore leurs prières, qui n’ont pas continuellement le blasphème sur les lèvres, qui n’agissent pas comme des êtres incrédules, sans souci de Dieu et de l’autre monde  ? Oui, comptez-les  ? Vous serez épouvantés de voir combien de mal est général et profond.
Comptez les jeunes garçons de neuf à douze ans qui ne marchent pas sur les tristes traces de leurs aînés  ? Dans cette catégorie, vous arriverez encore à en discerner un certain nombre qui sont chrétiens  ; mais le plus grand nombre ne l’est plus, ne l’a jamais été autrement que par le nom et le caractère sacré du baptême.
A qui la faute  ? A l’Ecole sans Dieu, sans doute. Un jour, peut-être, j’aurai l’occasion de vous en dire ce que j’en pense, et comment Dieu traitera les suppôts du démon qui l’inventèrent. L’Histoire impartiale ne sera pas tendre pour ces délégués des loges maçonniques.
A qui la faute encore  ? A la Famille qui n’est plus une éducatrice chrétienne, lorsque, au contraire, elle aurait dû l’être davantage, au moment de la trahison de l’Ecole. Il n’y a pas fort longtemps que je vous disais : ‘Les parents n’ont plus de leurs enfants une notion selon Dieu et selon la vérité. Vis-à-vis d’eux, ils sont des matérialistes, qui se laissent prendre aux formes extérieures de la matière, et qui ignorent ce que revêt cette matière. De là, tous leurs efforts pour embellir ces formes extérieures  ; de là, leur incurie complète de l’âme et des dons divins qu’elle reçut au baptême’. C’est ainsi qu’on façonne de précoces matérialistes de pratique  ; c’est ainsi qu’on fait des jouisseurs, ayant hâte de se saturer des satisfactions de la vie présente, sans aucun souci de la vie éternelle et de ses exigences. Par là les parents chrétiens donnent la main, à leur insu je veux le croire, aux docteurs impudents qui osent affirmer : ‘Que l’âme scientifiquement n’est que la fonction la plus élevée du corps dont elle est inséparable, et qui périt avec le corps  ; qu’il faut aimer la vie pour elle-même, en avoir le culte, parce qu’elle est le tout de l’homme, et qu’après elle il n’y a plus rien’. Ce sont-là des monstruosités, même au point de vue scientifique, qui indiquent la haine féroce que, dans certains milieux, on éprouve pour la vérité et pour la doctrine catholiques.
 Votre Curé,
 Henri BLANC
(A suivre)
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Nécrologie. – A peine avions nous annoncé dans notre dernier numéro, que M. l’abbé Rigaud était venu prêcher la retraite de première Communion, que nous apprenions de Valréas, sa mort survenue le 21 Juin, après d’atroces souffrances chrétiennement supportées.
Cette nouvelle a profondément attristé les nombreux amis que M. l’abbé avait conservés dans notre pays, où il avait été vicaire pendant 18 mois.
Nous espérons que les paroissiens de Caderousse qui lui témoignèrent tant de sympathie durant les quelques mois qu’il passa parmi nous, ne l’oublieront pas dans leurs prières.

STATISTIQUE PAROISSIALE
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Baptême. – Le 27 Juin : André Marie Dupré, fils de Barthélémy Dupré et de Marceline Gervy, demeurant au Colombier.
Décès. – Le 6 Juillet : Hubert Roumette, décédé à l’âge de 2 ans, fils d’Aimé Roumette et de Suzanne Chicornard.
Mort d’il y a un an. – Le 19 Août : Louis Martin, âgé de 61 ans.

Echos et nouvelles

Accidents. – Le 20 juin, le jeune Ferragut, revenait de Piolenc en bicyclette lorsqu’ arrivé au détour de la campagne de M. Vaton, il heurta l’automobile de M. Robert demeurant à Orange. Le bicycliste eut de légères blessures à la tête.
- Messieurs Justin Lafont et Elie Capdeville se coupèrent l’extrémité des doigts avec leur scie électrique. Nous leur souhaitons à tous deux une prompte guérison.
Orage. – Le 6 Juillet un violent orage s’abattit sur notre ville  ; le tonnerre tomba sur plusieurs maisons, chez M. Arnoux et chez M. Hommage. Il n’y eut aucun accident de personnes.
Divers. – Cette année le prix de vertu a été décerné à Mme Armande Martin née Bernard. Nos félicitations.
- M. Abel Ferragut, menuisier ébéniste vient de s’établir dans la Grande Rue. 
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HISTOIRE DE CADEROUSSE
Chapitre VI
Les fortifications

L’agglomération de Caderousse est organisée en communauté, dépendante du Siège Apostolique. Elle se régit elle-même, sous l’autorité de ses seigneurs, avec ses syndics, son conseil communal, conformément aux statuts généraux du Comtat de 1338. Ces Statuts seront révisés et complétés en 1387. Elle a heureusement mis fin aux querelles et aux dissensions qu’un territoire, mal défini et presque pas limité, suscitait fréquemment entre ses seigneurs et ses habitants, et les seigneurs et les habitants de la ville d’Orange, sa voisine. Mais elle n’a pas de défense naturelle, sauf lorsqu’elle est envahie par les eaux. Elle n’est pas protégée contre l’ambition de ceux qui non satisfaits de leurs propres droits, convoitent injustement le bien d’autrui et se portent à des actes coupables. – Nonnuli positi sunt qui propriis juribus non contenti, sed eliena indebite ambiantes ad illicita prolabuntur. (Rescrit d’Innocent VI). L’opinion de l’abbé Berbiguier qui prétend que Caderousse aurait été fortifiée avant le 13e siècle, n’est guère soutenable, comme je l’ai déjà dit, dans un chapitre précédent. Les quelques vestiges des remparts qui subsistent, portent tous l’empreinte de cette papale architecture qu’on remarque dans tout le comtat. Que les d’Ancezune et les coseigneurs, aient songé à construire des digues, même en pierre, pour se défendre contre les fréquentes inondations du Rhône et de l’Aigues  ? C’était de toute nécessité. Ils ne faisaient que continuer et améliorer de plus en plus les travaux des premiers Bénédictins, qui, pour moi, les sont vrais fondateurs de Caderousse. Mais ces digues n’étaient pas des remparts et n’encerclaient pas le pays. Il en reste des traces sur ce qui, autrefois, servait de chemin de halage aux bateliers. L’enceinte fortifiée de la ville, telle que la connut l’abbé Berbiguier, avec ses remparts, ses contreforts, ses tours, ses créneaux et son chemin de ronde, avait une origine plus récente. A mon avis, elle remonte seulement à la fin de la première moitié du quatorzième siècle, et je crois être dans la vérité en avançant qu’elle fut entreprise à la suite du Rescrit pontifical d’Innocent VI, et qui porte la date de 1347. Il est adressé à Guillaume de Roffiliac, recteur du Comtat en cette année. On le trouve tout entier dans les Pièces Justificatives de l’histoire du Comté-Venaissin par Fornery, au tome 2e page 432. Le pape, en prévision précisément que la convoitise pousserait certains à se jeter sur les biens du Saint-Siège pour s’en emparer donne des ordres à Guillaume de Roffiliac pour qu’il soit procédé immédiatement aux fortifications de toutes les villes et de tous les châteaux du Comtat-Venaissin. Il désire si vivement que ces fortifications soient exécutées, qu’il impose aux laïcs, aux clercs même évêques, aux réguliers exempts ou non exempts, à toute communauté ou confrérie, d’y contribuer de leurs propres deniers. – Volumus ut épiscopas et alias proelatos necnon cléricos et personas ecclésiasticas seculares et régulares, exemptas et non exemptas… Laïcas communitates proeterea ac universitates civitatum… castroîum villarum et aliorum quorumcumque locorum dicti comitatus ad fortificationem facienda et stipendia solvenda, la mesure était sage, et Caderousse en bénéficia doublement, et contre les ennemis extérieurs, et contre les inondations qui trouvèrent devant elle une digue inattaquable.
Ces fortifications dont on peut suivre encore le tracé avaient forme d’un losange. Les premières assises étaient en pierre dures de Courthézon  ; les murs que supportaient ces assises, sont encore debout en certains endroits  ; mais il est difficile de se rendre compte de leur épaisseur, car ils ont été diminués et surélevés, selon les besoins des habitants qui bâtirent leur habitation sur l’emplacement de l’enceinte. Comme aujourd’hui il n’y avait que deux portes ouvertes dans l’enceinte : la porte de place et la porte de la route Mornas, appelée porte Castellan  ; elles étaient munis de pont-levis. Un fossé très profond, et toujours abondamment fourni d’eau, formait une première ligne de défense à la ville. De nombreuses tours protégeaient les fortifications elles-mêmes. Les archives en mentionnent jusqu’à neuf : La tour de Vénasque qui étaient la tour de la citadelle, et qui n’est pas complètement détruite  ; elle commandait la route de Mornas. Il y avait, ensuite, les tours du Médecin, des Crapauds, de Fallat, de Vaton, de la Brune, de l’Hardy, de la Barbusse et de la Mormoironne.
La ville aurait en avantage à conserver ces fortifications intactes, non plus, certes, pour se défendre contre des ennemis extérieurs, mais pour être protégée contre les eaux de l’Aigues ou du Rhône. Hélas  ! Elle n’en a pas eu souci. Peut-être même, pour se venger d’un régime qui lui avait été, pourtant si paternel, elle tourna sa colère contre cette enceinte protectrice, comme elle la tourna sur le château et sur les statues et armoiries de sa chapelle. Les nouveaux habitants qui affluèrent pour acheter, à vil prix les biens ecclésiastiques, déclarés bien nationaux en 1793, prirent ces matériaux qu’ils avaient sous la main, pour se bâtir des maisons ou pour agrandir les fermes dont ils étaient devenus propriétaires. C’est ainsi que Caderousse perdit sa couronne de défense et qu’elle subit les désastres des grandes inondations du 18e siècle.
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C H I C A G O
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Tu es bien sûr qu’ils sont en république  ? Faisait Prosper à René en dégustant un vermouth au café Rose…
Qui çà  ? – Les Américains. – Tiens, mais depuis qu’ils existent les Etats-Unis d’Amérique n’ont pas eu d’autre idée et leur Président n’est pas un président de paille : mais pourquoi pareille question  ? – Parce que je lis là, dans Peuple de France (juin 1926) que, chaque dimanche, le Président Coolige se rend publiquement à l’église de Washington la plus proche de la Maison Blanche pour y participer aux offices du culte. – C’est exact et tu peux ajouter que le Président de la République des Etats-Unis jouit de l’estime et du respect de tous les citoyens, peut-être justement parce qu’il est religieux au point de parler ainsi : ‘Si la religion n’est là pour les seconder, tous les efforts du gouvernement sont voués à l’insuccès. – Je ne vois pas de remèdes sérieux aux maux qui affligent la société moderne, si ce n’est dans la religion… sans la foi, notre civilisation, si brillante soit-elle, est destinée à périr’.
- Curieux çà – Et ceci l’est bien plus encore. Lis ce que fait l’Amérique en faveur du Congrès eucharistique de Chicago. – Quoi donc  ? – D’abord une Procession à travers les principales avenues de New-York. Environ 50 (cinquante) évêques, archevêques ou cardinaux, accompagnés d’un régiment d’artillerie irlandaise des cadets de l’armée et de la marine  ? – Qu’est-ce qu’on dirait à Paris  ? Si… - je continue, le légat, c’est-à-dire le représentant du Pape est allé à Chicago par train spécial, tout entier peint en rouge pourpre, le train le plus soigné qu’on ait jamais vu, - 5 pièces à l’usage exclusif du cardinal, toutes tendues de brocart rouge et portant ses armes… - quelques minutes avant le passage du train, on inspecta mille par mille la voie ferrée… Le personnel a été choisi parmi les meilleurs employés catholiques… Les citoyens de toute confession ont fait un accueil triomphal… M. William Dever, maire de Chicago (2 millions d’habitants) a présenté, à l’arrivée, les vœux de la ville, M. Len Small, gouverneur de l’Illinois, s’est aussi dérangé. Le Président de la République a envoyé son ministre du travail pour le représenter. A Mundelein eut lieu, sur 7 kilomètres, la procession de clôture, on aménagea la gare de telle sorte que sur 2 lignes parallèles les trains pouvaient déverser des voyageurs de 2 en 2 minutes. – ça change avec chez nous où 80.000 catholiques ne peuvent même pas avoir un train supplémentaire. – Oui et il y a d’autre choses qu’on n’est guère habitué à voir en France  ? – Par exemple  ? Les catholiques, d’abord, hommes comme femmes, vont à la messe tous les Dimanches et soutiennent généreusement le Clergé – Les Religieux ont évidemment les mêmes libertés que les autres citoyens. Il n’y a qu’en France qu’on leur refuse le droit de s’associer. C’est une monstruosité. Mais le plus curieux en Amérique, c’est le régime scolaire. Pas de Ministères d’Instruction Publique – Fameuse économie. – On ouvre une école comme un magasin : de l’air suffisant et 2 escaliers en cas d’incendie, le policeman du quartier ne demande rien de plus. Les familles donnent la préférence aux meilleures. Résultat : 2% d’illettrés contre 20% en France – pas un sou d’impôt de ce côté pour les contribuables et nul lycée de France n’a un terrain de sport égal à celui du plus modeste collège de là-bas. – C’est pas mal tout cela. – Oui, et le dollar, à côté du franc, vaut hélas…N’insistons pas…
 François Régis.
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ECHOS de L’ACTUALITE

Pasteur a cademicien

Pasteur avait de grands scrupules au sujet de la correction de son style. En voici un exemple :
Un jour, le célèbre grammairien Bréal fit observer au grand chimiste que le mot microbe était mal formé :
- C’est microbie qu’il faudrait dire, expliqua-t-il, l’étymologie étant micros, petit, et bios, vie.
Et il indiqua comme bien formé le mot amphibie qui signifie vivant dans deux éléments.
Pasteur fut très frappé de cette remarque et même un peu déconcerté.
- Mais alors, demanda-t-il, me conseillez-vous d’écrire désormais microbie  ?
- Hé, non, riposta Bréal en riant, votre génie a trop bien consacré le mot microbe.

Les femmes bourreaux en Russie

Le gouvernement des Soviets a ouvert aux femmes une nouvelle carrière, celle du bourreau. Le recrutement de ces monstres a été nombreux paraît-il  ; ce sont des femmes qui, à Odessa, à Volonda et à Moscou donnent la mort avec une férocité extraordinaire.
L’une d’elles, à Moscou, ne se présente sur le lieu de l’exécution que la cigarette à la bouche et une cravache à la main.
Des médecins disent bien que ces femmes sont des malades et qu’elles finiront dans des asiles d’aliénés  ; mais, en attendant, elles tuent.

Les congréganistes au secours du franc

Dans le rapport sur le budget du ministère de l’Instruction publique et des Beaux Arts, de l’exercice 1926, déposé au nom de la commission des Finances du Sénat, nous relevons (p. 198) les indications suivantes :
Services d’Alsaces-Lorraine. Chapitres rattachés pour ordre au budget du ministère de l’Instruction publique.
Chapitre 182. Enseignement primaire. Personnel.
‘Dans le personnel rémunéré sur ce chapitre, figurent :
‘4°7.317 maîtres et maîtresses de l’enseignement primaire élémentaire, y compris 1.698 maîtres et maîtresses congréganistes. Rappelons que le traitement de cette dernière catégorie de fonctionnaires atteint seulement ‘la moitié du traitement des instituteurs et institutrices laïques’.
A la page 164 du même rapport, nous relevons, au chapitre 147, ‘Traitement du personnel de l’enseignement primaire élémentaire en France’, un crédit proposé de 896.500.000 francs.
Qu’on suppose les congréganistes admis à enseigner dans les écoles publiques en France comme en Alsace-Lorraine et seulement dans la même proportion, il y aurait là une jolie petite économie à réaliser – 200 millions en plus. – Bonne affaire, n’est-ce pas, pour la France  ?
Nous nous permettons de la signaler à M. le Sous-Secrétaire d’Etat chargé du rayon des économies.

L’homme noir chez les hommes noirs

Aux Etudes (I) du 5 Juin, nous trouvons la véridique et belle histoire de l’apostolat du P. Volpette chez les mineurs de Saint Etienne. Les morts vont vite et celui-ci, après trente ans de travail au pays noir, a succombé en 1923. L’on n’a peut-être pas tout à fait oublié pourtant son œuvre qui eût une période de célébrité et continue – ce qui vaut mieux – une carrière efficace.
C’est l’entreprise des jardins ouvriers dont le damier, sous l’impulsion du fondateur s’est étendu de plus en plus à la surface des mines.
Le P. Volpette avait loué, en 1895, son premier terrain pour y tracer cinquante lots et y installer autant de familles. Ses ambitions croissaient avec les résultats. Elles s’étaient pourtant fixé un maximum. ‘A mille, je m’arrêterai’, avait-il dit dans son plan initial. Mais il ne s’arrêta point. Et, à la veille de sa mort, il avait organisé quinze cents jardins dont profitaient environ neuf mille personnes (hommes, femmes et enfants).
Cette organisation n’allait point sans peine, mais sa méthode est restée heureuse. Chaque champ possède un conseil élu qui préside à la garde du règlement intérieur. En revanche, les anecdotes savoureuses ont poussé dans ces jardins avec les légumes. Administrateur, bâtisseur, conférencier, fondateur de chorale, le P. Volpette s’activait, pour son propre compte, à une culture où il aspirait à faire épanouir les âmes.
‘L’homme noir chez les hommes noirs’. L’auteur de l’article des Etudes a choisi ce titre par une allusion souriante au couplet de Béranger. L’homme noir, c’était donc ici le doux P. Volpette. Pas plus que ses congénères, il ne sortait ‘L’homme noir, c’était donc ici le doux P. Volpette. Pas plus que ses congénères, il ne sortait ‘de dessous terre’ comme le suppose la chanson. Il s’est contenté de consacrer la moitié de sa vie à ces autres hommes noirs qui remontaient de la mine.

LES CONSEILS DEPARTEMENTAUX
De l ’enseignement primaire
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Sur 362 membres, 329 socialistes et 24 communistes (soit 353) élus. – Le socialisme maitre de l’école laïque.
Les élections aux Conseils départementaux de l’enseignement primaire sont terminées.
Les 362 élus se répartissent ainsi qu’il suit :
Syndicat national des institutrices et des instituteurs : 329.
Fédération extrémiste de l’enseignement laïque : 24.
Fédération des groupements professionnels anticégétistes : 6.
Syndicats autonomes et candidats indépendants : 3.
La Fédération extrémiste a perdu 19 sièges, gagnées par le Syndicat national, mais le nombre des voix qu’elle a recueillies est plus grand qu’en 1923. Dans le Puy-de-Dôme et dans l’Isère où, il y a trois ans, les maîtres communistes n’avaient pu présenter de candidats, la Fédération a obtenu, cette fois : dans l’Isère, 80 voix d’institutrices et 60 voix d’instituteurs  ; dans le Puy-de-Dôme, 181 voix d’institutrices et 88 voix d’instituteurs.
Dans l’Allier, les maîtresses d’école membres du Syndicat national sont élues par 250 voix, et les maîtres par 350 voix, mais les communistes sont parvenus à grouper 100 institutrices et 140 instituteurs.
Dans la Charente, enfin, il y a 290 primaires communistes : 148 institutrices et 142 instituteurs.
La tache s’étend. Qu’attend-on pour l’enlever  ?
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TRAVERS LE CALENDRIER

- Août s’intitule le Mois de l’Assomption de Marie. La grande solennité de Notre-Dame, la plus belle des fêtes en l’honneur de notre Mère du Ciel en est le point culminant. Pendant la 1re quinzaine de ce mois, nous devons rénover nos cœurs dans l’amour et la confiance filiale à notre Mère du Ciel, et dans la dernière quinzaine nous devons contempler et goûter par avance le bonheur des Enfants de Marie, qui forme là-haut le cortège de la Reine des Anges et des hommes.
Les âmes soucieuses de leur salut éternel, et qui veulent réagir contre le danger de dépression morale auquel elles se trouvent particulièrement exposées en cette saison des vacances, implorent avec plus d’instances la garde maternelle de Marie.

2 Août : Le grand Pardon de la portioncule.
La faveur de cette Indulgence extraordinaire due aux prières du séraphique François d’Assise est dite de la Portioncule à cause du petit bourg, Portiuncula, contigu au sanctuaire d’Assise, Ste Marie des Anges.
C’est dans ce sanctuaire, en l’an 1220, que la Vierge, refuse des pécheurs, daigna se manifester et répondre au zèle de son dévôt serviteur. Sur les injonctions de la T.S. Vierge François se présenta au pape pour lui demander d’approuver la précieuse faveur. Il l’obtint à force de prodiges et d’instances, pour tous les pieux pèlerins d’Assise.
Dans la suite, les SS. Pontifes l’ont étendue d’abord à toutes les chapelles de la famille franciscaine. Aujourd’hui bon nombre d’autres églises et chapelles possèdent ce privilège en vertu duquel une indulgence plénière pour soi-même ou pour les défunts peut être gagnée par chacun des visiteurs du sanctuaire, toties quoties, c’est-à-dire autant de fois que confessé et communié il accomplit la visite de prières requise  ; et cela, depuisles premières Vêpres de l’après-midi du 1er Août jusqu’au coucher du soleil du 2 Août.
Ce qui justifie amplement son appellation d’Indulgence du Grand Pardon. Profitons –en avec une sainte avidité pour solder nos dettes à la divine Justice. Et si nous aimons bien nos chers défunts, faisons-leur en cette circonstance une aumône large et fervente.

6 Août : Fête de la Transfiguration du St Sauveur
Depuis les temps apostoliques la tradition chrétienne vénère le Thabor comme le théâtre de ce mystère. Et certes, le Christ ne pouvait choisir pour son apothéose un piédestal plus beau ni plus grandiose : bien qu’il n’ait que 600m d’altitude, c’est le plus haut sommet de la Galilée : de là on jouit d’un superbe panorama, surtout vers le lac de Génésareth. Ce site, où le Sauveur a voulu laisser transparaître une fois sa divinité, n’a jamais été perdu de vue par les chrétiens. Dès le temps apostoliques on vit souvent de pieux pèlerinages gravir cette sainte montagne. L’impératrice Ste Hélène en fit l’Ascension pour décider la construction d’une chapelle commémorative. Au VIe siècle, St Antonin y trouva 3 églises. L’époque des 2ère Croisades fut pour le Thabor une période de magnifiques démonstrations religieuses. Mais après la bataille de Hattin, 1187, l’histoire du Thabor devient lamentable, et ses sanctuaires, un monceau de ruines. Depuis un demi-siècle, les Pères Franciscains ont pris à tache de relever ces ruines. De leur côté, les Grecs orthodoxes ont rebâti le sanctuaire dédié au prophète Elie. On montre là la grotte du prophète Elie en grande vénération au Moyen-âge. Donc le prophète Elie se retrouvait dans un lieu familier lorsqu’il apparut avec Moïse, au matin de la Transfiguration, pour s’entretenir avec le divin Maître des circonstances de la Passion.
Retenons bien la conclusion du divin colloque ainsi résumée par St Luc. ‘Il fallu que le Christ souffrit pour que sa sainte humanité fut mise en possession de sa gloire divine’.
De même, âme chrétienne, si tu veux recevoir un jour ta glorieuse apothéose, ne t’afflige pas outre mesure des épreuves qui paraissent t’accabler ici-bas. Tous les saints s’ébauchent d’abord au Calvaire, pour être transfigurés au Thabor.

15 Août : L’Assomption

La Liturgie nous fait célébrer en ce jour un triple évènement : la mort bienheureuse, la Résurrection glorieuse et le couronnement triomphal de notre Mère du Ciel.
C’est la plus solennelle et la plus populaire des fêtes de la T.S.V. La seule qui soit demeurée obligatoire en France, quel que soit le jour où elle tombe. Elle a même pour notre patrie un sens particulier, depuis que Louis XIII, en 1638 choisit cette fête pour mettre son royaume et sa personne sous la protection particulière de la Reine du Ciel, reconnue comme la Reine élue de la France catholique.
L’édit royal ordonnait qu’il fut fait ce jour là, après les Vêpres, dans toutes les paroisses de France une procession votive qui est dite : Procession du Vœu de Louis XIII.
Marie répondit à la confiance du monarque… Et, depuis lors, que de faveurs dont notre Patrie est redevable à sa miséricordieuse Reine  !...
A chacun de nous de reconnaître ces attentions maternelles, et de faire que la fête du 15 Août garde bien son caractère national, pour que le vœu du grand Roi ne devienne pas lettre morte.
A la T.S. Mère de Jésus, notre vénération la plus profonde. A la puissante Reine du Paradis et de la France, notre hommage de reconnaissance et nos ferventes supplications. A notre Mère adoptive notre filiale confiance et l’amour généreux de nos cœurs  !

25 Août : St-Louis, roi de France.

Voici l’un des grands protecteurs de la France qu’il nous faut intéresser au relèvement de notre Patrie.
Cet illustre monarque naquit et fut baptisé à Poissy dont le nom pris corps dans sa signature préférée : Louis de Poissy. Il avait reçu du Ciel des qualités éminentes, et de sa mère, Blanche de Castille, une éducation parfaite qui en firent un parfait justicier, un héros et un saint. Il est resté le premier et le modèle de nos souvenirs. Son programme était : la prospérité de la France et le bonheur de son peuple par le Règne de Dieu et de la justice.
Hélas  ! Combien de Régime actuel qui conduit notre France aux abîmes est-il aux antipodes de ce programme  !
Demandons à ce grand monarque de hâter auprès de Dieu la régénération de cette France catholique qu’il a tant aimée, et si bien gouvernée.

LE PETIT CHELEM
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Autour d’une table de jardin, sous la charmille qui les protège du soleil cet après-midi de septembre, monsieur et madame Leblanc, après déjeuner, font leur partie de cartes avec les Bignolles père et fils. Madame Bignolles, dans les jambes de la cuisinière qui essuie la vaisselle maigre, ne tarit pas d’éloges sur certaines croquettes de pommes de terre, dont elle réclame la recette.
Le bridge bat son plein.
- Un trèfle.
- Un carreau.
- Deux trèfles.
- Deux carreaux.
Bignolles père s’incline, ainsi que madame Leblanc, sa partenaire, tandis que Bignolles fils étale son jeu en face de lui et se dispose à faire le ‘mort’.
Les cartes tombent, les plis s’allongent en échelle devant monsieur Leblanc qui abat, relève, abat sans cesse et relève encore jusqu’au douzième pli, qu’il annonce solennellement, abandonnant le treizième à ses adversaires.
- Petit chelem  !
Ce à quoi Bignolles père, poussant du coude Bignolles fils, répond gaiement :
- Il est verni, ce Leblanc.
Et allez-y pour la deuxième manche.
Cette fois, c’est à madame Leblanc de battre les cartes. Elle les bat élégamment, sans leur faire de mal, se contentant de les remuer en les sautillant de la main gauche dans la main droite avec un sourire préoccupé de bien faire.
- Tu dis, Moumette  ?
- Je dis : un cœur.
Bignolles fils se tait. Il n’a qu’une ambition, lui, être encore le ‘mort’, toujours le ‘mort’.
- Une pique, proclame Leblanc.
‘ Deux cœurs reprend sa femme agressive.
- Deux cœurs  ?... Je ‘contre’.
Il est verni, ce Leblanc, Bignolles père et Leblanc ne font que sept levées.
Le ‘contre’ a réussi.
- Donc, mes amis, nous marquons aux honneurs…
Un violent coup de sonnette retentit et, presque en même temps, madame Bignolles arrive, effarée, son carnet de recettes à la main :
- Vite, Leblanc, vite  !...Le père Sylvain vient de se tuer à la carrière.
Du même coup, les quatre joueurs se lèvent. On court, on s’affole, madame Leblanc pâlit et tremble :
- Ah  ! Mon Dieu  !
- Du calme, voyons, du calme, que diable  !
La carrière est à deux pas, taillée dans la colline, étageant ses blocs rougeâtres.
Tout le chantier est en émoi.
En bas, près d’une hutte en paille, un attroupement d’ouvriers s’écartent pour livrer passage au malheureux que des camarades transportent sanglant et viennent étendre à l’ombre sur deux bottes de foin hâtivement déliées. Il a le crâne ouvert, les bras pantelants. Une grosse pierre, en roulant, s’est fendue sur le coupant d’une autre et a volé en éclats qui sont venus frapper le père Sylvain en plein travail.
- Qu’y a-t-il  ?
- V’là le patron, commande un contre-maître. Ecartez-vous.


 
 FIN

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