Le Petit Caderoussier mars 1924

4 novembre 2018

Mars 1924

LE PETIT CADEROUSSIER
 
Bulletin Mensuel

Lisez et faites lire Conservez chaque Numéro
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SOCIETE DE LA BONNE PRESS DU MIDI
A VAISON (Vaucluse)

N° 15 MARS 1924

LE PETIT CADEROUSSIER
Rédaction et Administration chez M. le Curé-Doyen de
Caderousse. – Chèque – postal c/c Marseille 101 – 16

Statistique Paroissiale
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 Baptêmes. - Le 20 janvier, Yves Louvin, demeurant rue St Louis. Le 27 janvier, Marceau Girard, demeurant à Sarrians.

 Décès. - Le 27 janvier, Adeline Pécoul, née Muret, décédée à l’âge de 63 ans. Après la cérémonie des funérailles qui a eu lieu à notre église paroissiale, son corps a été inhumé à Orange.
Le 14 janvier a été célébré la messe de huitaine pour le repos de l’âme de Mme Louis Vaton, née Mayençon, décédée à Grenoble.

Nos morts d’il y a un an. - Le 4 mars, Jacques Berbiguier. - Le 10 mars, Renée David. - Le 19 mars, Colombe Roche, Vve Simon. - Le 20 mars, Aline Simon. - Le 24 mars, Marie Marcellin, Vve Capdeville.

Echos et nouvelles
Le 2 février, jour de la Purification eut lieu avant la messe, la bénédiction des cierges et la procession dans l’intérieur de l’église. Nombreuses communions.
- Nous sommes heureux d’apprendre le prochain mariage de M. Camille Roche, maire de notre ville, avec Mlle Marie Ruat.
- Dons. - Un de nos fidèles abonnes, M. Charles Raymond, demeurant à Cannes (La Bocca) nous a expédié une magnifique gerbe de mimosas, dont nos autels ont été parés le jour de la Purification.
- Une personne reconnaissante a fait don, d’un beau candélabre pour la chapelle du Crucifix. Nos meilleurs remerciements.
- Mme Chicornard, (réfugiée du Nord), marraine d’Yves Louvin, son neveu. Fidèle à une pieuse coutume de son pays, embrassa ce dernier sitôt après la cérémonie du Baptême.
- Nous recommandons aux bonnes prières de nos lecteurs, Sœur Elisabeth, religieuse de Saint Vincent de Paul, décédée à Clichy-la-Garenne, abonnée au petit Caderoussier.
- M. Pécoul, boulanger, vient de faire reconstruire son four, avec tout le confort moderne.
- C’est avec plaisir que nous avons appris que M. Marius Sève a été nommé employé à la gare de Portes-les-Valence.
- M. le Capitaine Farjon, demeurant à Marseille, a eu son changement au 4e génie à Grenoble.
- Le 25 janvier, un aéroplane piloté par un officier venant de Thionville et se rendant à Istres, passa sur notre ville à une très faible altitude et fut obligé d’atterrir par suite d’une panne au quartier de la Perran. Dans sa descente rapide, l’aéroplane heurta à un mûrier et fut gravement endommagé. Le pilote n’eut aucun mal. L’avion fut rigoureusement gardé par des Spahis, pendant que des soldats, parmi lesquels se trouvait Abel Ferragut, procédaient au démontage de l’appareil, qui fut expédié à Istres.
- Dernièrement, la Croix de Paris, indiquait une méthode d’après laquelle, et selon certains calculs, on pouvait connaître le poids d’un porc sans bascule. Le jeune Georges Louvin tenta l’expérience et ne se trompa que de deux kilos.

TRAVERS CHAMPS
 Sous les effets bienfaisants du mistral qui a soufflé avec violence ces derniers temps, la terre s’est rapidement séchée permettant la reprise des travaux au-dehors.
 Ennuyeuse situation  ! Indécis le cultivateur examine ses semis et leur mauvais état ne laisse pas de l’embarrasser. En chassées dans un sol compact coupé de crevasses profondes, les pauvres plantes ont vraiment un piteux aspect avec leurs feuilles jaunies par une trop longue humidité  ; dans certaines parties basses même, nulle trace de végétation n’apparaît. Faut-il rejeter du grain en terre  ? - Le moment des semailles est passé depuis déjà longtemps et cependant ‘Quau fai rèn, n’a rèn  !’ Les avis sont partagés, on discute ferme là-dessus et chacun fait à son idée. Seule la saison future donnera raison aux uns et aux autres.
 Ces derniers temps nous avons eu une légère vague de froid rendue assez pénible par le vent violent qui soufflait. La terre durcie offrait alors une grande résistance et certains fermiers en profitaient pour exécuter leurs charrois. Nous n’avons pas encore enregistré de température aussi basse cette année-ci.
 ‘L’ivèr ei coume la biasso dôu paure, quand ei pas davans ei darrié’.
 Le Vauclusien

ACCUSES DE RECEPTION POUR REABONNEMENTS PETIT CADEROUSSIER

 L. G. à Cairanne, 5 Fr. - L. B.à C., 3 Fr. - F. A.à Cairanne, 5 Fr. - L. B.à Cette, 5 Fr. – L. M. à Caderousse, 5 Fr. - L. J.à Courthézon, 5 Fr. - L. R.à O. 3 Fr. - C. C. 0 O., 3 Fr. - J. G.à O., 3 Fr  ; F. M. à O., 3 Fr. - A. S.à O., 3 Fr., L. V.., à O., 3 Fr. - Mme V. à P.., 3 Fr .- Mme A. à St S. 3 Fr. - E. G.., à Sermières, 5 Fr.
 Note - Le temps nous manque pour compléter cette liste  ; nous le reprendrons prochainement en citant quelques unes des paroles aimables dont ces envois sont accompagnés. Excuses et merci à nos amis.
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C’était la Sienne

 Le long d’un chemin pierreux, que rendait plus pénible la chaleur accablante du soleil, un pèlerin cheminait portant la croix de sa vie. Le soir venu, il s’arrêta haletant et dans sa pensée, il murmura :
- Elle est bien lourde, la croix que le Bon Dieu m’a donnée  ! Oh  ! Je sais il nous faut une croix à tous pour ressembler au Christ : mais celle que je porte m’écrase… Mon Dieu  ! Ne pourriez-vous alléger mon fardeau  ?...
Un sommeil profond s’empara de lui et tout-à-coup, il se vit entouré d’une grande lumière  ; Jésus lui apparut et dit d’une voix douce :
- Tu voudrais une autre croix que la tienne  ?
- Oh  ! oui, Seigneur  ! Je suis pauvre, je vieillis et je n’en puis plus. Voilà soixante ans que je marche portant cette croix que j’aime, parce qu’elle vient de vous, mais…
- Viens avec moi mon fils.
Et il se vit devant une vaste grotte  ; le Seigneur lui dit :
- Là sont réunies toutes les croix qui, dans ma miséricorde, doivent ouvrir les portes du paradis aux hommes  ; laisse ta croix sur le seuil et choisis celle qui te conviendra le mieux.
Le pèlerin entra. Il fut ébloui et comme épouvanté de cette multitude de croix portées depuis le commencement du monde et qui devront être portées jusqu’à la fin des temps. Longtemps, il les examina  ; il les pesait, il les retournait, il les essayait, il les laissait… C’était la croix du remords la croix de la jalousie, de l’ingratitude, la croix de la famille désunie, la croix de la maladie qui paralyse les membres et repousse par ce qu’elle a de répugnant la croix du mépris, de la calomnie, la croix de la trahison des amis ou de la souffrance de ceux qu’on aime… Et à chacune d’elles :
- Non, disait-il, pas celle-là, faut-il donc, ô mon Dieu, que je choisisse  ?
- Point de croix sur la terre, point de couronne dans le ciel, lui dit Jésus.
Le pèlerin revint sur ses pas, il examine encore, il cherche, et comme il baissait ta tête découragé.
- Regarde, lui dit la douce voix de Jésus.
Et il aperçoit sur le seuil une croix qui l’attire, il la soulève et un soupir s’échappe de ses lèvres :
- Il me semble que je porterai celle-là  ; elle est bien un peu lourde, mais les autres sont si effrayantes  ! Puis-je la prendre, Seigneur  ?
- Prends-la, dit Jésus-Christ.
Il tend les bras pour la saisir, il pousse un cri. C’était la sienne, la croix que Dieu lui avait donnée dans sa miséricorde, la croix qu’il avait déposée comme trop lourde…

La vérité est quelque chose de très simple et de très vieux. C’est une idée qui a fait jadis les cerveaux bien clairs et les consciences bien lucides. Elle est de toujours et vient à vous tout droit du fond des siècles et du fond des tombes. On ne peut jamais dire d’elle : ceci est la vérité d’aujourd’hui. Non car la vérité d’aujourd’hui est éphémère et le vent l’emportera demain. Ne suivez pas le vent, car le vent passe et la vérité demeurera éternellement.
 (Lamennais).

L’Enjeu des Modes

 Parmi les bacilles, qui à l’heure présente, menacent la santé religieuse et morale de nos jeunes filles, en voyons-nous de plus répandu, de plus actif, de plus ravageur que celui de l’immoralité  ? Et notre principal effort ne doit-il pas tendre, par conséquent, à les former à la modestie chrétienne  ?
 Je prendrai le mot dans son sens le plus large. De soi, la modestie ne désigne qu’une attitude extérieure, une pudique réserve du vêtement, des propos, des gestes, de tout ce qui, dans la personne, peut frapper et émouvoir les sens. Mais qu’auraient gagné la famille et le patronage, à imposer une correction irréprochable du dehors, si leur action n’avait pas pénétré jusqu’à l’âme, pour y engendrer la modestie intime des pensées et des vouloirs les plus secrets  ?
 Il faut voir dans toute sa complexité et dans toute son angoisse, le problème de salut individuel et national que pose le débordement de licence qui s’étale sous nos yeux. Le relâchement croissant des mœurs, en ce qui concerne la toilette, les manières, les spectacles, les lectures, est inquiétante surtout parce qu’il est un signe et qu’il est un germe. Il révèle que beaucoup de consciences ont abdiqué le culte de la pureté et le souci de celle des autres. Et, de même qu’il procède d’une vraie corruption du cœur, il la diffuse partout à la ronde. Lorsqu’une jeune fille s’émancipe de l’exquise retenue de la vierge chrétienne, c’est que son âme profonde commence à se gâter. Déjà atteinte par le mal, même à son insu elle y provoquera les autres. Ainsi par un engrenage implacable d’actions et de réactions, la contagion s’étendra toujours plus avant. La tentée deviendra tentatrice  ; la tentatrice à son tour sera plus âprement tentée, sollicitée, assiégée. Et sa résistance diminuant à mesure que les assauts se font plus violents, d’imprudence en imprudence jusqu’où ira-t-elle  ?
 Dès lors c’est le salut éternel de nos enfants et toute la destinée du pays dont ils sont l’avenir, qui se joue sur le terrain de la mode, du théâtre et de la librairie. Car la voie qu’ils auront adoptée, durant les années de leur formation, l’âge mûr, ne les en retirera que rarement. Si nous laissons nos jeunes filles se fausser les idées, d’empoisonner l’imagination, contracter des habitudes de légèreté et de gaspillage, telles elles resteront toute leur vie. Et avec de pareilles tares, quelles épouses feront-elles  ? Quelles mères  ? Quelles éducatrices  ?...
 La foi, du moins, maintiendra-t-elle dans leur âme une semence d’amendement et de régénération  ? Il est bien rare qu’elles survivent au naufrage de la moralité. Pas plus que les jeunes gens, les jeunes filles ne commencent pas par perdre la foi. C’est le cœur qui en elles ‘finit par faire mal à la tête’, et selon la remarque si juste de P. Bourget, ‘quand on ne vit pas comme on pense, il est inévitable qu’on vienne en à penser comme on a vécu’.
 Et donc selon que la modestie triomphera dans nos mœurs ou en sera définitivement bannie, c’est toute la religion qui ressaisira son empire ou qui périra. Voyez si l’enjeu vaut que l’apostolat chrétien se dépense à con urer le péril  !
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Partout où la religion est vivace, les mœurs se relèvent. Partout où elle languit, elles s’abaissent. On démoralise la France en lui arrachant sa foi. En la déchristianisant, on l’assassine. (Paul Bourget)

Le culte catholique
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La deuxième collectivité nécessaire pour l’expression du culte extérieur, en fait du Culte Catholique, est la Paroisse avec son 2glise, son Clocher, son Autel, son Curé. Et le curé n’a vraiment ce titre et ne peut exercer efficacement sa fonction que s’il est envoyé par son Evêque, lui-même en communion avec le Pape.
Il devient chef du groupement, anneau nécessaire d’union à Dieu. Tous les actes religieux personnels ou collectifs de la famille doivent converger vers cette collectivité paroissiale, vers ce sommet d’où découlent tous les effluves de la vie chrétienne.
Les Apôtres, chargés officiellement par le Maître d’aller et d’enseigner les nations, ont fondé les premières paroisses. C’est à ces paroisses primitives ‘aux Eglises’ que s’adressent, en général, leurs éloquentes Epitres, surtout les Epitres de St Paul.
Nos Apôtres modernes n’agissent pas autrement sur les plages où, toujours ils reçoivent l’ordre de Jésus-Christ ‘d’aller et d’enseigner’.
D’autre part, depuis Néron jusqu’au petit Combe, tous les persécuteurs se sont acharnés, par la violence du fer ou les subtilités de la loi, à détruire la Paroisse. Il n’en est pas un qui, d’un air félin, n’ait protesté de son respect pour la conscience individuelle.
Tartufe n’a rien de comparable aux palinodies de nos législateurs de la Séparation, sur le respect de la conscience individuelle. C’était le condiment bien dosé et préparé pour faire accepter les assauts au groupement paroissial et à l’ensemble de la hiérarchie auquel il est inévitablement lié  ; car le prétexte de la guerre au cléricalisme ne peut tromper que les borgnes. La collectivité paroissiale a ses besoins de ralliement, ses rappels non point secrets et cabalistiques mais connus de tous. Combien possèdent et qui ne connaît l’Angelus de Millet et produit à des millions d’exemplaires. Ce jeune couple qui, sur le sillon arrête un instant son labeur, au tintement de la cloche du village, reflète une sérénité que nos surhommes ne connaissent pas. Il se dégage du lamentable isolement de la vie individuelle, pour éprouver le réconfort de la vie de famille. L’expression en est saisissante.
Enfin, cette collectivité paroissiale n’est pas une œuvre humaine. Elle a, par ses racines et sa hiérarchie, une vitalité qui lui fait affronter les plus rudes bourrasques.
La Révolution avait inventé aussi un Culte. Il devait se substituer au Culte Catholique. C’était le fameux Culte de la Raison. C’était un mélange de poésie, de philosophie et de philanthropie. Il y avait des fêtes, des chants, des fleurs, des danses, des bœufs et des moutons aux cornes dorées.
Mais au bout de quelques mois, l’inventeur Larevellière-Lépeaux, s’en vint déconfit vers Bonaparte : ‘Le croiriez-vous, citoyen général  ? Eh bien, ma religion si jolie, ça ne prend pas’. – Bonaparte, en homme intelligent, de lui répondre aussitôt : ‘Citoyen collègue, tenez-vous sérieusement à faire concurrence à J&sus-Christ  ? Faites comme lui. Il n’y a qu’un seul moyen. Faites-vous crucifier un vendredi et tâchez de ressusciter le dimanche’.
Larevellière-Lépeaux ne jugea pas prudent de tenter l’aventure. Il se retira tranquillement dans sa terre de Sologne, et la religion neuve sortie de son cerveau fut congédiée et enterrée au bruit des sifflets.
 P. LE BRUN, c. d.

Paroles de Monseigneur l’Archevêque
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Folies du siècle présent et ‘restes d’hommes’
Dites-moi le vous prie : quand la fièvre de l’or a-a-elle exaspéré et troublé davantage la vie humaine  ? – N’est-ce pas une folie  ?
Où les hommes se sont-ils plus adonnés aux plaisirs qui tuent, et les femmes au luxe qui ruine  ? – N’est-ce pas une folie  ?
Connaissez-vous un pays où il y ait plus de familles désordonnées, rabougries, sans pudeur, sans joies, sans espoir  ? – N’est-ce pas une folie.
Vit-on jamais des foules aussi nombreuses se précipiter dans le suicide ou finir en des hospices d’aliénés, de tuberculeux, d’alcooliques et autres avariés de la vie  ? – N’est-ce pas folie sur folie  ?
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 * *
Et cette fureur des affaires qui agite la nation entière  ; cette audace inquiète des entreprises financières qui pousse à toutes les aventures  ; ces catastrophes qui en sont la suite et le scandale  ; cette facilité de mœurs sans morale, sans vergogne, et dont on s’amuse  ; ce gout effréné des futilités scabreuses et des modes grotesques, joint à une indifférence et à une insouciance, tantôt inconsciente, tantôt affectée, pour ce qui dépasse les limites des choses sensibles et se rapporte au juste soin de notre future destinée  ! Qu’est-ce que tout cela, sinon l’effet d’une sorte de neurasthénie générale, qui, en affaiblissant la raison publique et le sens commun, égare la pensée d’un grand nombre de nos contemporains, corrompt leurs voies, et ne fait plus d’eux, suivant la parole d’un saint Docteur, que des ‘restes d’hommes’  ? (St Grégoire de Nazianze).
 La prudence chrétienne p. 206.

NE DIFFEREZ PAS LE BAPTEME
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Le Nouveau-né a une santé très délicate : un imperceptible rien peut le mettre en péril et l’emporter. Or il a une âme appelée à jouir éternellement de la contemplation de la souveraine Beauté  ! Cette âme par suite du péché originel, ne pourra jouir de son ineffable bonheur que si le baptême l’a mise en état de grâce.
Donc, Parents, n’attendez pas. Ne soyez pas tranquilles tant que votre enfant n’est pas baptisé  ! S’il venait à mourir sans baptême, quelle responsabilité devant Dieu  !
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L’Actualité Diocésaine

 Commission centrale du Denier du Clergé.
 Extrait du Rapport annuel présenté par M. le Chanoine Ripert secrétaire-général trésorier de l’œuvre :
 ‘Cette année 1923 a été particulièrement bonne et prospère. Toutes les paroisses du Diocèse ont répondu à notre attente. Toutes ont versé intégralement la contribution imposée. Toutes ont droit à nos remerciements et à nos éloges.
 Grâce à cette unanime générosité, votre trésorier à la joie de vous présenter cette année encore, son compte de gestion avec un excédent de recettes très appréciable’.
 
 Société de Secours Mutuels de St François Xavier.
 Extrait du Rapport annuel présenté par M. l’abbé Pinet.
 ‘Il nous est agréable de constater l’accroissement de la Société compensant avantageusement ses pertes et de voir en cela une preuve de sa vitalité.
 Une autre manifestation de la prospérité de notre œuvre est dans le bilan financier. Les chiffres que nous donne le rapport de notre trésorier sont vraiment éloquents et proclament hautement la sagesse de sa gestion’.
 N’est-ce pas le cas de féliciter ces chrétiens généreux qui travaillent ainsi généreusement au soulagement de leurs frères et de rappeler à cette occasion, les beaux vers provençaux que Roumanille prononçai un jour dans une réunion semblable  ?
 O Santo Carita, duerbo ti grandis alo,
 Espandisse-lèi bèn sus nosto Soucieta,
 Car tôuti, fin que d’un, voulèn nous i’assousta  ;
 Voulen trouva de paure, e i’ ajuda pourta
 Li crous que macon sis espalo.

Un bel exemple
 La grosse cloche de Vedène est muette depuis 22 ans, parce que fêlée.
- M. le Curé, à quand la refonte de la cloche  ? demandaient les paroissiens.
- J’attends un bon levain, car la somme nécessaire est au-dessus de nos moyens.
- Eh bien, disent les jeunes gens, on jouera la Pastorale  !
La Pastorale est préparée, puis donnée avec un plein succès à Vedène et dans les pays voisins. Grâce aux offrandes qui viendront s’ajouter à ce ‘levain’, dans quelques mois la cloche des Pastoureaux se fera entendre au loin.
 Bravo, les jeunes de Vedène  !

Le Palais des Papes restauré
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 Enlevé à la garnison qui l’avait odieusement défiguré, restauré avec une science et une fidélité admirable par l’administration des Beaux-Arts, le palais des Papes d’Avignon a retrouvé sa splendeur passée. Nous ne connaissons rien de plus beau que sa chapelle de Clément VI et sa vaste salle de l’audience. Les chapelles du Vatican ne pourraient rivaliser avec elle si elles ne devaient aux fresques de Michel-Ange, de Raphael, du Pérugin et de Ghirlandajo leur incomparable beauté. Sans doute, dans ce palais désert, rien ne rappelle les cérémonies les fêtes, les cortèges qui firent, au XIVe siècle, de la Cour pontificale d’Avignon, la plus délicate, la plus fastueuse, la plus brillante du monde civilisé. Du moins a-t-on eu l’heureuse pensée de réunir dans ces salles restaurées tout ce qui la rappelle : moulages des tombeaux des Papes qui ont été l’âme de la vie qui en débordait, des cardinaux qui la rehaussaient de leur pourpre et de leur luxe. C’est ainsi que l’on y retrouve les copies du tombeau de Clément VI que conserve l’abbaye de la Chaise-Dieu, du tombeau du Cardinal Pierre de la Jugie, dont l’original mutilé orne la cathédrale de Narbonne, et que l’on y verra bientôt les moulages de celui du cardinal d’Alençon et du grand cardinal Albornoz que font copier pour Avignon, à Sainte-Marie du Transtévère, à Rome, le Pape Pie XI, et dans la cathédrale de Valence, le roi d’Espagne, Alphonse XIII.
 (Le Pèlerin).

JAN PLOUVINO EN PELERINAGE
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Mai quand, uno fes arriva, aguèrian escala lou camin de la Crous en cantant e que faguerian nosto adouracioun davans lou bèu Calvàri, veici que Tetino faguè fusa un bèu rire en disènt à Jan :
‘Ve, Jan, espincho un pau aquéu marrit larroun, s’ei poussible d’èstre tant laid  !
- E de que rises pèr acô, soto, que li gènt nous alucon  !
- De que rise  ? Mai, regardo-lou bèn, aquéu marrit safre  ; la laido grimaço que fai  !’ E à soun auriho pèr que res l’ausiguèsse que soun ome. ‘La fasiès ansin laido, tu, Jan, ta grimaço, quand ères tant aïssable  ! Ah  ! Soun pas poulit, moun bèu, li gènt mau-m’agrado  !’
Pièi fuguè la messo, la tant bello messo dins la resplendour di lume, e lou rebat dôu souèlu s’abihant de roso e de blu à travès li veiriau, la tant bello messo, subre-tout, dins lou reculimen di priero e lou vanc di cantico  ! Dous gros cierge, li plus gros qu’avien destousca, cremavon davans l’autar de Nosto-Damo, aubourant vers la Bono-Marie la flamo arderouso de la recoumèissènço e de l’afecioun que Jan emé Tetino i’ avien jura dins soun cor.
La journado se debanè ansin, cascaianto de joio entour di cabas dubert, cacalucho de manjuegno, pièi adoulentido e penitènto tout de long dôu Camin de Crous, e, tourma mai, aluminado de priero e de cant sout la benedicioun dxu sant Sacramen.
Es alor, que dins lou camin de cabro, nôsti dous pelerin s’anèron ageinouna davans la pichoto nicho soulitàri que la Vierge Miraclouso i’ espandis soun sourrire beni.
‘O santo Vierge, venguè Tetino, pèr vous atrouva avèn segui la draio desvalabrado, nous sian maca lis artéu contro li tèsto-de-cat, pougnegu li man e li boutèu en frustant li clot d’arjalas grafignaire  ; e, tout parié, o Bono Maire, es à travès peno e lagremo qu’avèn capita, fin finalo, lou draiôu dôu bonur. Vous proumetèn de lou segui, emévosto bono ajudo e lou secours de vosto mau’.
Jamai de sa vido, pode vous lou dire, Jan Plouvino n’avié senti, dedins soun cor, vounvouneja un tant poulit viouloun  !

 G. BOUQUEIRAN.
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LE MOIS DE SAINT JOSEPH
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Il est naturel d’associer à la dévotion envers Jésus et Marie la dévotion au glorieux St Joseph. De tous les Saints c’est celui qui a le plus de droits à notre vénération et à notre amour, à cause de sa sublime dignité d’Epoux de Marie, de Gardien et de Père nourricier de Jésus.
Il est le Patron des chefs de famille et des travailleurs.
Il eut le privilège unique d’être assisté à ses derniers moments par Jésus et par Marie qui reçurent son dernier soupir et lui fermèrent les yeux. Aussi est-il invoqué à juste titre comme Patron de la Bonne Mort. C’est à lui qu’il faut recommander nos malades en attendant la visite du prêtre.
Les âmes pieuses lui consacrent le mercredi de chaque semaine et tout le mois de mars.
Durant tout ce mois ne manquons pas un seul jour d’aller nous agenouiller au pied de son autel. Si nous ne pouvons aller à l’église, faisons notre Mois de St Joseph chez nous devant une statue ou une image représentant le saint Patriarche, avec une pieuse lecture en son honneur. Tous les mercredis de ce mois assistons à la Messe et faisons la sainte communion.
Sainte Thérèse assure n’avoir jamais rien demandé à Saint Joseph sans l’avoir obtenu.
Les noms de Joseph et de Joséphine sont très répandus en Provence. Ceux qui portent ces noms bénis doivent avoir une dévotion spéciale pour leur saint Patron. (Fête le mercredi 19).

 EVANGILE et PROVENCE

L’Annonciation
(Fête le mardi 25 mars)
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‘Quelle merveille, s’écrie un auteur profane, que ce récit de l’Evangéliste St Luc : Un ange descend du ciel, un lys se penche, un divin mystère s’accomplit  !’ Le pinceau des artistes a représenté mille et mille fois cette scène admirable  ; elle est reproduite dans presque toutes nos églises  ; les Musées d’Avignon et de Carpentras la comptent au nombre de leurs trésors les plus précieux.
Laissons la parole à l’Auteur inspiré :
L’Ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, auprès d’une Vierge qui était fiancée à un homme de la maison royale de David, nommé Joseph, et le nom de la Vierge était Marie.
Pourquoi un des plus grands esprits célestes est-il envoyé de Dieu sur la terre  ? C’est pour négocier la plus importante de toutes les affaires, celle de l’Incarnation du Verbe pour le salut du monde.
Nazareth, tous les pèlerins de Palestine sont unanimes à reconnaître le charme du site de Nazareth dont le nom signifie : ville des fleurs. Un jour deux prêtres Vauclusiens visitaient cette ville : c’étaient M. le chanoine Quetyan de Camaret, supérieur du Petit Séminaire d’Avignon, et M. l’abbé David, alors curé doyen de Bonnieux et plus tard curé de l’Isle-sur-Sorgues. Celui-ci remarqua la ressemblance qu’il y a entre beaucoup de sites palestiniens et nos paysages provençaux : ‘Dans son légitime enthousiasme, écrit M. Queytan, notre cher abbé croyait voir le site de sa paroisse tant aimée, dans le panorama qu’il avait sous les yeux’. (Sous le ciel d’Orient, p. 264).
Le saint nom de Marie est le plus beau de tous les noms de femmes.
Dans nos pays, il est très répandu et affecte, dans notre langue provençale, une multitude de formes très gracieuses : Maria, Mario, Marioun, Marieto, Mieto, Mioun, Miouneto, etc., souvent aussi il se trouve jointà un autre nom : Marie-Rose, Marie-Jeanne, Marie-Louise…
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L’Ange étant entré où elle était, lui dit : ‘Je vous salue, pleine de grâce  ; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes’.
Marie l’ayant aperçu, fut troublée de ses paroles, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’Ange lui dit : ‘Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez en votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, on l’appellera le fils du Très-Haut  ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père  ; il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura point de fin’.

Vous avez remarqué, ami lecteur, les premières paroles de l’Ange. L’Eglise les a recueillies pieusement pour en faire une belle prière à la Sainte Vierge : la Salutation Angélique ou Je vous salue, douce prière que notre maman nous apprit autrefois sur ses genoux.
‘Vous donnerez à ce fils le nom de Jésus’, dit l’Ange à Marie. Quelque temps après il répètera la même chose à St Joseph en lui donnant l’explication : ‘Vous l’appellerez Jésus, car il sauvera son peuple’. Jésus signifie Sauveur.
Si le nom de Marie est le plus beau de tous les noms pour une jeune fille, il semblerait que le nom de Jésus serait aussi le plus convenable pour les petits garçons. Mais, par respect, l’Eglise a défendu de le donner : c’est un nom incommunicable. Toutefois les parents peuvent en quelque sorte tourner la difficulté en donnant à leurs enfants les noms de Sauveur, de Noel ou de Noelie.
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Marie dit à l’Ange : ‘Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point l’homme  ?’
L’Ange lui répondit : ‘L’Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’être saint qui naitra de vous sera appelé Fils de Dieu. Déjà Elisabeth, votre parente, a conçu elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et c’est actuellement son sixième mois, à elle que l’on appelait stérile : car rien ne sera impossible à Dieu’.
Huit cents ans avant l’Annonciation le prophète Isaïe avait prédit en ces termes la naissance miraculeuse du Messie : ‘Voici qu’une Vierge concevra et enfantera un fils qui s’appellera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous’. La génération de l’enfant Jésus devait donc être miraculeuse et produite en dehors des lois ordinaires de la nature.
Dans la nature il faut que la fleur se flétrisse pour donner naissance au fruit (voyez par exemple ces beaux amandiers que le mois de mars voit fleurir autour de nous  !) mais la naissance de l’Enfant-Dieu ne pouvait apporter à sa mère qu’un surcroit de pureté et de splendeur  ; voilà pourquoi seule de toutes les créatures, Marie porte à la fois la double couronne de la Virginité et de la maternité divine.
‘Allons avouez-le’, disait un jour un brave novi à M. le Curé de Caderousse, dans la religion il y a des choses impossibles  !
- Ah  ! Lesquelles  ?
- Tenez qu’un enfant n’ait pas eu de père, comme l’Enfant-Jésus est-ce que vous pourriez m’en citer un autre  ?
- Tout de suite, mon ami : le premier homme, Adam, n’a eu ni père ni mère  ! (le novi était abasourdi  !) et Eve la première femme, non plus  ! Vous voyez  ! Vous m’en demandez un, je vous en cite deux  ! Et si vous aviez étudié l’histoire naturelle, vous sauriez que parmi certains insectes il y a un phénomène très fréquent qu’on appelle la Parthénogénose. Alors vous voudriez que ce qu’un misérable insecte peut réaliser, le bon Dieu, qui est tout puissant, ne puisse pas le faire  ?
- Ah  ! par exemple, conclut le novi je n’y avais pas songé  !
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Marie dit alors : ‘Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole’. Et l’ange la quitta.
Le mystère de l’Incarnation était accompli : le Fils éternel de Dieu le Père venait de prendre un corps et une âme dans le sein de la Vierge Marie  ; Dieu, sans cesser d’être Dieu, venait de se faire homme  ; il avait ajouté la nature humaine à sa nature divine.
Aujourd’hui sur le lieu témoin de ce prodige, s’élève à Nazareth la basilique de l’Annonciation. On y voit, à l’endroit même où se tenait Marie agenouillée une étoile de marbre avec cette inscription : Hic Verbum caro factum est, Ici le Verbe s’est fait chair
 

A propos d’Equinoxe.
Voilà un mot savant d’aspect rébarbatif. Au fond rien de plus simple. Deux fois par an il arrive une époque où le jour dure exactement autant que la nuit, c’est à dire douze heures. Ce sont les équinoxes (du latin équus égal, nox nuit) Le soleil levé vers 6 heures, se couche vers six heures.
Le premier équinoxe est celui qui ouvre le printemps, il a lieu vers le 21 mars  ; il correspond dans notre Provence à la floraison du pêcher :
 Quand lou pesseguié es en flour,
 Fai eitant de niue que de jour.
Le deuxième équinoxe a lieu six mois après, vers le 23 septembre : c’est le commencement de l’automne. Si vous voulez faire un cadran solaire profitez du 21 de ce mois de Mars pour marquer les heures et surtout midi.

LES CENDRES
(Mercredi 5 mars c’est le premier jour du Carême)
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Les cendres sont le signe de la Pénitence. Le roi David, repentant se couvrait de cendres  ; les habitants de Ninive firent de même après la prédication de Jonas  ; à la fin de David et les Ninivites obtinrent le pardon de leurs fautes.
Que la France entende à son tour la voix de Dieu, qu’elle se couvre de cendres, c’est-à-dire reconnaisse son aveuglement, qu’elle déplore son orgueil, qu’elle renonce à son trop grand amour du plaisir, qu’elle revienne à une politique chrétienne, et les jours de bonheur recommenceront à luire pour elle.
Nous idolâtrons notre corps, ne nous ne pensons qu’à la vie terrestre  ; cependant, le corps est sorti, de la poussière  ; on nous le rappellera dans la cérémonie de l’Imposition de cendres : ‘Homme, souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière’.
La vie est un chemin plus ou moins long qui aboutit à la tombe. Et la mort nous ouvre la porte de l’Eternité.
Ne l’oublions pas  !
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 MEDITATION RUSTIQUE

LE GRAIN DE BLE
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Depuis les plaines fertiles qui bordent le Rhône et la Durance, jusque par là-haut à mi-côte du Mont-Ventoux, partout, dans notre belle région, croît en abondance la plus utile de toutes les plantes, le blé.
‘Ce brin d’herbe sacré qui nous donne le pain’.
Avez-vous remarqué, ami lecteur, qu’il y a entre l’histoire d’un grain de blé et la destinée de l’homme, une analogie frappante  ? Même épreuves, mêmes tribulations qui préparent et méritent à la fin la même récompense. C’est l’Evangile qui nous en avertit :
‘Si le grain de blé ne tombe pas dans la terre pour y mourir, il ne produit aucun fruit’.
Mistral a traduit ainsi cette vérité dans son poème de Mireille :
 E de davans que lou blad ‘spigue
 En terro fau que rebouligue’.
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 * *
Imaginez-vous un peu, si le grain de blé, pouvait raisonner, quelles seraient ses expressions quand il se verrait maltraité de toute façon par le semeur :
Il se disait : ‘Mais cet homme est fou de jeter son bien, au lieu d’en faire sa nourriture  ! Voici la herse qui me bouscule sans crier gare. Je suis enterré vivant, et (comble de honte  !) enseveli dans le fumier  !’
De plus en plus l’humidité le pénètre  ; la pluie tombe, la terre le presse de tout son poids, le petit grain se gonfle, il éclate, un travail de décomposition s’opère en lui… ‘Je ne suis plus qu’un cadavre, se dit-il, c’est fini et bien fini  !’
Cependant (chose étrange et mystérieuse  !) du sein même de cette corruption voici que deux petites pointes se sont élancées, l’une, la petite racine, veut s’enfoncer encore plus avant dans la terre à la recherche des sucs nourriciers, l’autre, au contraire, monte vers la surface, avide de lumière et de chaleur.
A peine sortie, la jeune tige contemple avec étonnement des myriades d’autres brins d’herbe semblables à elle-même. Ce sont les grains de blé ses anciens compagnons, comme lui voués à la mort, et qui se trouvent vivants dans un monde supérieur. Quelle surprise  ! Quelle joie  !
Mais ce n’est encore qu’une vie imparfaite et souffrante : quelque chose comme un purgatoire par le froid que doit subir le grain de blé. La bise est glacé, le gel et le dégel soulèvent la terre autour de lui et déchaussent peu à peu sa frêle tige. Va-t-elle donc se dessécher  ?
Non, car l’agriculteur est là qui veille. Le moment venu, aux premiers beaux jours, le voici de nouveau avec son cheval. Cette fois la herse est traînée sur le dos, ou bien c’est un pesant rouleau qui gauchement et lourdement nivelle tout sur son passage. La jeune plante en gémissant s’aplanit sous la rude caresse, mais autour d’elle la terre est tassée et désormais ses racines pourront s’enfoncer avec délices dans le sol.
Quant à la tige, chaque jour est pour elle un progrès nouveau. Elle monte, elle se noue, elle fleurit (fleur la plus modeste, mais de toutes la plus utile). Enfin le blé a grandi, il a fructifié, et il s’incline comme pour rendre hommage à son Créateur. A travers les épreuves il est enfin arrivé au triomphe dans la lumière et dans la joie  !
 *
 * *
C’est bien alors qu’un champ de blé est dans toute sa splendeur. Une âme intelligente et délicate ne peut le contempler sans émotion.
Vous souvient-il, ami lecteur, vous du moins qui comme moi frisez la cinquantaine, d’une chanson qui eut, à l’époque, une vogue immense  ? Ce n’était point encore la mode de ces chansons ineptes et vilaines (genre Poupoule ou pire encore) faites pour une génération de décadents et d’avariés. C’était intitulé : La chanson des Blés d’or.
Les orgues de barbarie qui faisaient fureur jusque dans le moindre de nos villages, me l’avaient tellement martelée dans le cerveau, qu’en fermant les yeux, elle chante encore dans ma mémoire avec son accompagnement. Ecoutez plutôt :
 Mignonne, quand le soir descendra sur la terre,
 Et que le rossignol viendra chanter encor  ;
 Quand le vent soufflera sur la verte bruyère,

 As-tu parfois, sur la colline,
 A l’heure où dorment les épis,
 Entendu cette voix divine…  ?

Oui, c’est bien, en effet, une voix divine, que ce saint frémissement des épis heurtés l’un contre l’autre par la brise du soir. Car rien ne peut mieux rendre sensible à l’homme des champs la sainte présence de Dieu qui multiplie le grain pour nourrir sa créature. Sous un si petit volume, Dieu a, pour ainsi dire, condensé sa Toute-Puissance. Ce grain de blé si mignon, c’est un admirable laboratoire de chimie, c’est une usine en miniature : il a reçu le pouvoir stupéfiant de changer de fumier en pain  !
Bien plus, ce grain de blé est vivant, et il pourra à son tour produire 30, 60, 100 pour un et se multiplier à l’infini  !
Comme je comprends la belle parole de St Augustin : ‘Vous admirez qu’un jour Jésus, dans le désert, ait multiplié sept pains pour rassasier quatre mille hommes  ? étonnez-vous plutôt de ce que, chaque année, Dieu multiplie le blé d’une manière bien plus merveilleuse pour nourrir l’humanité toute entière’.
Mais, voilà  ! L’habitude nous rend tout familier, la routine émousse nos impressions, les plus grandes merveilles de la nature nous laissent indifférents, alors que cent fois par jour nous devrions crier au miracle et nous jeter à genoux pour remercier la Providence qui a semé dans le firmament les étoiles, et sur la terre le grain de blé.

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L O U B L A D
— : —

Lou blad se sameno, greio, sort, s’agrapis, s’atepis, s’afarragis, encambo, nouso, desfourello, espigo, flouris, grano, s’amaduro, s’espòusso, se meissouno, s’engavello, se ligo, s’engarbeirouno, se garbejo, se cauco, se vènto, se draio, s’ensaco, s’estrèmo, se palejo, se moundo, se lavo, se môu, se farinejo, se tamiso, se pasto, s’enfourno, se coui e se manlo. – A. P. 75.
 
 

L e coin des Chercheurs
— : —
I. - Solutions
N° 26. - Enigme. - On me trouve en plein Lubéron,
 Dans Ménerbes, Bonnieux, Maubec et Robion,
 Mais jamais dans Lacoste, et non plus dans Oppède.
 - Devinez-vous, lecteur, ou faut-il qu’on vous aide  ?
 C’est la lettre B

N° 27. – Devinette. - Quelle est la petite maison
 Qui n’a ni fenêtres, ni porte  ?
 Il faut, pour que le maître en sorte,
 Qu’il démolisse la cloison.
 - C’est l’œuf.
N° 28.- Devinaio. - Qu differènço i’ a entre la soupo e la salado  ?
 - Ei que la soupo ei quauco fes salado  ; mai la salado ei jamai soupo  !

II. - A trouver
N° 29. Proumenado en Egito.
Sabès que lis ancian egician, i’ a dous o tres milo an, èron idoulatre, valènt-à-dire qu’adouravon lou soulèu, lis astre e meme li bèsti.
A moun retour de Jerusalem passère pèr l’Egito, - que dins un nouvè di rèire, lou vièi jusiòu Nanan apello : ‘Païs di cebo  !’, - e vouguère vèire ço que restavo di rouino de la vilo de ‘M’en-fise’, qu’èro estado la famouso capitalo di Faraoun.
Li cremen dôu Nil, en desbourdant chasque an, i’ an caussa li terro dôu ribèires, dounc, davalant, pèr un passage, dins un rèsto de vièi temple, intrère dins un membre ounte, coume idolo : I. i quatre caire i’ avié un cat  ; 2. Davans chasque cat, i’ avié tres cat  ; e 3. Sus la co de chasque cat, i’ avié ‘n cat.
En tout, quand i’ avié de cat  ?
 Lou Barrulaire.
N° 30. - Devinette. - Avec les iniatiales des mots suivants : Entraigues, Séguret, Travaillan, Piolenc, Isle-sur-Sorgue, Rognonas, Uchaux, former le nom d’une charmante ville de Vaucluse.
 (Juliette du Gard)
N° 31. Enigme. - Ni chair, ni os, et j’ai pourtant.
 Un pouce et quatre doigts  ! Que suis-je donc  ?
 (Une pensionnaire de Violès)

Impr. Bonne-Presse du Midi – Vaison Le Gérant N. MACABET