Le Petit Caderoussier Mars 1923

14 mai 2018

1re Année Mars 1923 N° 3

 L E P E T I T

 C A D E R O U S S I E R

 ---X---

 BULLETIN MENSUEL

Lisez et faites lire Conservez chaque Numéro

 SOCIETE DE LA BONNE PRESSE DU MIDI
 À Vaison (Vaucluse)

 — 3 —

 Le Petit Caderoussier

Adresser la correspondance à M. l’abbé Brémond, curé-doyen de Caderousse (Vaucluse)
Abonnement par la Poste : 3 Fr. par an (Chèque-Postal n° 101-16 Marseille)
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JEAN QUI PLEUREJEAN QUI RIT
 — :— 
O Printemps, Jeunesse de l’année  !
 O Jeunesse, printemps de la vie  !
 Dante.
Vous connaissez le Proverbe :
 Lou mes de Mars
 Tantost nivo, tantos clar.
Vous savez la chanson :
 Jean qui pleure, Jean qui rit  ;
 C’est la mode de Paris  !
 Cette ’’mode de Paris’’ serait-elle en passe de devenir la mode de Caderousse  ? Toujours est-il que, depuis quelque temps, notre Petit Caderoussier imitant le mois de Mars, Jean qui pleure et Jean qui rit, ne cesse tout à la fois et de pleurer et de rire  ; il pleure d’un œil et il rit de l’autre, ce qui lui donne, vous l’avouerez, une singulière figure  !
 Pourquoi donc le Petit Caderoussier, de son œil gauche, pleure-il  ? - Eh, c’est parce qu’il se voit débordé de travail, et qu’il ne peut plus faire face à ses obligations les plus essentielles. Il voudrait tellement bien faire pour marquer sa reconnaissance à tant d’amis qui l’inondent de leurs témoignages de sympathie  ! Il voudrait pouvoir répondre à tous et à chacun ne fût-ce qu’un simple mot de remerciement, et le temps lui manque  ; ce qui aux yeux de plusieurs, lui donne sans doute l’air d’un petit ingrat  ! (fi  ! Que c’est vilain  !) Il voudrait insérer dans ses trop courtes pages des lettres entières, si aimables, si bonnes, si intéressantes, et l’espace lui fait défaut  ! Il n’a plus même le loisir de rêver et d’être poète  ; les cordes de sa lyre vont se rouiller, tout humides qu’elles sont des larmes de ce pauvre œil gauche. Pour le consoler, beaucoup lui disent : ’’Vous devriez paraître tous les quinze jours  !’’ Drôle de consolation  !
 Mais aussi, par contre, son œil droit rit joliment  ! J’oserais presque dire qu’il rit comme un bossu. Songez un peu : Une foule de paroisses, voisines ou éloignées, séduites par son air gentillet et même un peu espiègle, veulent devenir ses marraines, bien plus, l’adopter comme leur enfant.
 En moins de 15 jours, notre voisine la Paroisse de Piolenc s’inscrit pour 425 numéros  ! Violès pour 300 et dès ce mois de mars. D’autres commenceront le 1er avril et s’inscrivent : Baumes pour 400, Aubignan pour 500, Althen-les-Paluds pour 300. Courthézon réclame 100 numéros du Petit Caderoussier à titre d’échantillon  ! Du coup notre tirage total monte à plus de 2000  ! Et vous ne voudriez pas que son œil droit rie et pétille de plaisir  !
 Or, ce n’est qu’un début  ; car, je vois venir à nous en bloc, dans un avenir très prochain, le Canton de Bonnieux avec ses cinq paroisses, renforcées de Robion, leur voisine, le beau canton de Pertuis avec ses douze paroisses  ! Et d’autres, d’autres encore  !
 Honneur à vous, chers habitants de Caderousse, qui avez été l’âme de ce splendide mouvement  ! Sans doute, beaucoup de paroisses hésitent encore avant de se lancer, mais le Petit Caderoussier, comme un vrai poilu de la Grande Guerre, plein de confiance dans l’excellence de ses méthodes, dans le secours de ses alliés, dans la persévérance de son effort, et dans le triomphe final de la Justice et du Droit, s’écrie avec une certitude invincible :
 On les aura  !!!
Que ce beau jour de la victoire arrive bientôt  ! Et vous verrez de nouveau votre Petit Caderoussier rire de ses deux yeux, de toute sa charmante figure et de tout son bon petit cœur  !
 La Direction

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 STATISTIQUE RELIGIEUSE
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 Janvier – Février (du 15 au 15)

MARIAGE.- Deux mariages et le même jour (10 février).
Jules Jean Ruat et Mlle Marie Alexandrine Muret. (Les nouveaux époux habitent dans la Grande Rue en face de la boucherie Roche).
Paul Eugène Roux et Mlle Augusta Alice Boucherie. (Habitent au Pelori, ce grand jardin enclos de murs, derrière la maison du Passeur).
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DECES. - Vve Augustine Bouchier, née Auguste, décédée le 17 janvier, à l’âge de 72 ans, munie des Sacrements, Congréganiste de Ste Anne, elle a supporté avec patience une douloureuse maladie pendant laquelle les sœurs de l’Hospice lui ont prodigué leurs soins maternels.
Thérèse Capdeville, née Durand, décédé le 17 janvier, à l’âge de 52 ans. Bon caractère et serviable.
Marie Rose Henriette Aubert, décédé le 25 janvier, âgée de 11 mois. Exposée, les mains jointes, sur son petit berceau, sa mignonne figure avait une expression toute angélique qui faisait penser au ciel où elle prie maintenant pour sa chère famille.
Françoise Guéricolas, née Bès, décédé le 25 janvier, à l’âge de 71 ans, munie des sacrements. Rien de touchant comme le dévouement de son mari Louis Guéricolas qui, jusqu’à la dernière minute, l’a soignée comme on soignerait un petit enfant.
Barbet Roche, décédé le 29 janvier, à l’âge de 68 ans. Bon travailleur, rendait volontiers service.
Léopold Gabriel Emile Millet, décédé le 13 février, à l’âge de 6 mois. Ange du Ciel  !
Ajouton à cette liste déjà trop longue, le nom de l’un de nos compatriotes décédé à l’hôpital d’Orange :
Paul Bacchini, 24 ans, édifiant tout son entourage par sa piété  ; Profondément regretté des sœurs de St Vincent de Paul et de tout le personnel. Nos condoléances à sa pauvre maman.
— Nos morts d’il y a un an (Mars 1922) recommandés à nos prières :
Le 19, Marie Rose Ruat, épouse Redon.
Le 28, Charles Etienne Valon.

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 ECHOS ET NOUVELLES
 — :—
— Nous souhaitons avec plaisir la bienvenue à Mlle Buis, notre nouvelle receveuse des Poste, installée le 1er février, ainsi qu’à son père et à sa mère qui l’accompagnent. Elle occupait précédemment le poste de Mélina en Algérie.
— Une Société Musicale de formation récente : l’ Escoubeto (un nom bien Caderoussier) a fait ses débuts le 3 février avec un brio merveilleux. Un vaudeville militaire. Les Deux Réservistes, grâce au talent de ses cinq acteurs a obtenu un succès de fou rire. Les 18 musiciens ont été, aussi fort applaudis. Le Petit Caderoussier souhaite longue vie et accord parfait dans tous les tons à cette société naissante.
— La voûte de notre chapelle ducale (la capello di Moussu), comme on l’appelle à Caderousse, est complètement restaurée. C’est splendide. Nous en reparlerons.
— Nous reparlerons aussi de notre souscription pour les Morts de la Guerre, qui vient d’être close avec la somme totale de 1813 Fr. 85 centimes. C’est un sujet qui mérite plus de loisir que nous n’en avons aujourd’hui.
— Le P. Paul, en cours de prédication à Monte-Carlo a été saisi par la grippe et ses jours ont été en danger. A l’heure actuelle, il est en pleine convalescence, il a l’amabilité de nous assurer qu’après Dieu et ceux qui l’ont si bien soigné, il doit, son rétablissement à la lecture du Petit Caderoussier qu’il a ‘dévoré’, malgré la diète à laquelle l’avaient condamné les Médecins.
— Quartier du Pontet (derrière l’Hospice). – Pêche miraculeuse – Une bonne femme âgée de 80 ans, voulant se ranger pour laisser passer une charrette, tombe dans la maire pleine d’eau et prend un bain froid involontaire. Un jeune homme la repêche aussitôt. Pas le moindre mal, mais ne recommençons plus  !
— Dans le prochain numéro, un Conte provençal désopilant : Lou Gibus de Rountoun par un Caderoussier anonyme.

 CALENDRIER RELIGIEUX DU MOIS DE MARS

 (D’après l’ORDO du Diocèse d’ Avignon)
 — : —
Vendredi 2. – 1er Vendredi du mois – Messe de communion réparatrice. Tous les vendredis de Carême, à 7 h 1/2, Chemin de la Croix.
Dimanche 4. – 3e Dimanche de Carême. Tous les dimanches de Carême : à Vêpres, Sermon.
Mercredi 7. – Tous les mercredis de Carême, à 7 h ½, Adoration de la Croix.
Samedi 17. – Ce jour-là, l’Eglise Catholique procède aux Ordinations sacerdotales du printemps. A cause de la disette des vocations, il n’yen aura aucune dans notre Diocèse d’Avignon, et cependant que de pauvres paroisses qui sont sans prêtres ou qui n’en ont pas un nombre suffisant  ! ‘Priez donc le Maître de la moisson pour qu’il envoie des ouvriers  ! (St Jean).
A partir de ce soir jusqu’au Vendredi-Saint à l’office du matin, les croix sont couvertes d’un voile violet en signe de deuil.
Dimanche 18. – La Passion – ‘La communion pascale doit être faite dans le temps compris entre le dimanche de la Passion et le troisième dimanche après Pâques’. Article 141 des Statuts Diocésains.
Le précepte de la communion pascale oblige les malades et les infirmes  ; les curés auront soin de les y préparer et de leur porter la Sainte Communion chez eux. Art. 144.
Lundi 19. – St Joseph, patron de l’Eglise Universelle et particulièrement de la Ste Enfance, de la Bonne Mort et des Ouvriers chrétiens. Le matin, Messe de Communion. – A Piolenc et à Violès, bénédiction des enfants, — Le soir, bénédiction. (A Piolenc, Sermon).
Vendredi 23. – N. D. des Sept-Douleurs.
Dimanche 25. – Les Rameaux – (La Fête de l’Annonciation est renvoyée après l’octave de Pâques, au lundi 9 avril) – Durant ces quinze jours sont interdites les messes chantées de huitaine ou du bout de l’an. – Avant la seconde messe, Bénédiction des Rameaux.
Jeudi-Saint. – Durant la messe, la Croix du Maître Autel est voilée de blanc. On sonne les cloches durant le Gloria. Adoration devant le Reposoir. Le soir, Sermon.
Vendredi Saint. – Le matin, messe des Présanctifiés. – L’après-midi, à 3 h, Chemin de la Croix. – Le soir, Sermon de la Passion.
Samedi-Saint. – Le matin, Bénédiction du feu nouveau, du Cierge Pascal et des Fonts baptismaux. – Au Gloria de la messe, Sonnerie des cloches. Les fidèles peuvent communier. – Le jeûne et l’abstinence de Carême finissent à midi. –Le soir, confession des hommes.
Dimanche de PAQUES (1er avril), La Résurrection de N.S.– Puisse ce jour-là marquer la conversion de tous les Chrétiens, surtout de ceux que le péché retiendrait depuis longtemps dans ses chaînes, et à qui nous dédions particulièrement la poésie suivante :

 RESURRECTION  !

 Voici le beau matin de Pâques. –Ma fenêtre
S’ouvre, et je vois l’église où jadis, dans le chœur,
Pure comme le jour qui venait de renaître,
Ma fraîche voix d’enfant chantait le Christ vainqueur  !

Dans l’air émerveillé l’appel vibrant des cloches
Fait monter jusqu’au ciel l’Alléluia joyeux…
Jours aimés, jours lointains, vous vous faites plus proches
Je sens revivre en moi vos souvenirs pieux  !

L’Eglise comme alors, jusqu’au porche est remplie
De fidèles, depuis hier soir confessés,
Le cœur clair comme un vin dépouillé de sa lie,

Et qui vont vers le Pain mystique en rangs pressés.

Ne vas-tu pas surgir à ton tour, ma pauvre âme,
Du sépulcre où tu dors d’un si honteux sommeil  ?
Déchire ton linceul dont Satan fit la trame…
Et vous, cloches, sonnez, et chantez mon réveil.

 D’après François FABIE.

 LA PROUMENADO DE JAN PLOUVINO
— : —
Jan Plouvino de Requamaulo, sus l’autro ribo dou Rose, un pau en dessout de Caderousso, s’èro mès en tèsto de se croumpa un peto-peto, o, s’amas miéu, uno ‘Ptrouleto’.
Anè dounc en Aurenjo, enco de Charavin pèr assaja un d’aquélis outis. Se capito qu’avié à Pioulenc un coulègo qu’avien fa la guerro ensèn dins li zuavo e, èro, aco, uno oucasioun pèr l’ana vèire.
Un galagu tout uious i’ espliquè coume se manejavo la mecanico e Jan Plouvino, que voulié pas passa pèr un coudoun, faguè vèire que coumprenié tout à la minuto. Lou vaqui dounc, enregant la tour de l’Arc, pièi la routo de Pioulenc, qu’aco faguè pas’n pli. Lou tèms èro sol, la routo liso coume la man e la machino s’esquihavo coume uno anguièlo. Dins un vira d’iue arribè à la Crous dou Grand Rat, agantè la vièio calado e mandè la man à si manetoun pèr arresta la mecanico. Mai la mecanico s’arrèstè pas  ! Jan, courba sus si roubinet, n’en durbo un, pièi lou barro, n’en durbo un autro, lou barro mai  ; aquéu diable d’outis vai toujour que pu vite  ! D’aquéu tèms, d’uno voulado, a fa lou tour de Pioulenc.
Noste Jan Plouvino, acrouca à soun guidoun, bourroula di tressusour, a bèu assaja touti lis engin, sa machino de malur vou plus rèn saupre. Coume uno troumbo, coume un aubuso, em’uno petarado infernalo, a mai fa lou tour de Piôulenc.
Déjà, davans li cafè, long dou cours, à la sourtido di carriero, sus li porto badanto, un mouloun de gènt s’es acampa. Lou paure mesquin passo dins un nivo de pousso, coume un cifèr descaussana  ! La pétego l’arrapo, sa testo ié vounvouno, sis iue se nèblon e bramo coume un perdu : ‘Arrestas-me  ! Arresta-me  !’ E viro que viraras  !
Au countour de la Curo l’ase dou pataire s’aubouro dre coume uno candèlo, Jan manco sauta dins lou lavadou. ‘Garas-vous de davans  !’ ourlo lou malurous  !
E li pichot van sourti de l’escolo  ! Tout Pioulenc ei dessus-dessout  ! Aligna coume de rès d’aiet, ome, femo, vièi, chatouno garnisson li dous coustat de la routo. E toujour que plus fort la mecanico passo e repasso, petejanto e revoulunanto, coume uno bèsti folo que li tavan an agrri  ! Pèr eivita tout escaufèstre, lou gardo arresto touto circulacioun, e, lèu, cènt carreto badon la figo.
Que vous dirai  ! Aco durè, pardinche, tant que i’ aguè de petrolo dins soun eisino. Quand, pamens, desalenado e poussouso, la machino cafè, a dre dou Cafè dou Coumèrci, que mai de milo persouno se i’ èron amoulounado, aviè fa quarante-set cop lou tour de Pioulenc  ! E Jan Plouvino, mita-mort, tout trempe e lis ieue foro de la testo, fauguè que lou davalèsson de soun sèti que cridavo toujour ‘Arrestas-me  !’ Ei tau que vous lou dise.
Aco fai vèire que sièr de rèn de faire Michèu l’Ardit  !
M’an vougu afourti que Jan Plouvino, fin-finalo croumpara ges de petopeto.

 G. BOUQUEYRAN.

 L’EDUCATION DES VERS-A-SOIE

Laissez- moi vous raconter aujourd’hui une cène charmante qui s’est passée dans une de vos ‘grandes’, il y a deux ou trois ans.
Je visitais une magnanerie en compagnie du papa, de la maman et de leur jeune fillette. Naturellement nous causions vers-à-soie et cocons.
 - Mais, monsieur le curé, fit tout à coup le mari étonné, vous parlez de la chose en, connaisseur, vous raisonnez bien l’article  !
- Oh  ! Pas de reste, répliquai-je modestement  ; cependant, quand j’étais tout jeune écolier en pension, il m’est arrivé une année d’élever des vers-à-soie dans mon bureau  !
 - Pas possible  !
 - C’est réel. Et voici comment :
 J’étais donc en pension au petit séminaire. Un de nos condisciples de Sérignan, qui avait dû s’absenter quelque temps pour cause de maladie, revint un beau matin avec, dans une boîte, une centaine de vers-à-soie, et il nous les vendit bel et bien au détail un sou la pièce  ! (c’était à cette époque, bien avant la guerre, un assez joli prix pour nos bourses d’enfants). J’en achetai deux et je les logeai dans mon bureau. Jamais je n’avais négligé avec plus d’enthousiasme mes vieux auteurs grecs et latins. A chaque instant j’ouvrais mon bureau pour contempler mes deux pensionnaires. Que d’agréables moments je passais en leur intimité  ! C’était un régal pour moi de les voir grignoter, par petites secousses, la tranche verte des feuilles toujours bien fraîches et de première qualité (un petit service clandestins de ravitaillement fonctionnait régulièrement deux fois par semaine  !) Dans mon ignorance, je ne craignais pour mes chers nourrissons ni pébrine, ni muscardine : le seul ennemi redoutable, c’était notre surveillant.
 Je fus assez heureux pour mettre en défaut sa vigilance. Je vis les deux petits élèves grandir et prospérer. Quand ils eurent ‘dormi des quatre’, comme j’avais négligé de leur procurer un bout de bruyère quelconque, ils ‘montèrent’ bonnement aux deux coins de mon bureau, l’un à droite, l’autre à gauche. Là ils tendirent, chacun de leur côté, les amarres du futur cocon, de la cellule aérienne où ils allaient bientôt se séquestrer. Pendant deux longs jours, j’eus la satisfaction de les voir, à travers le réseau d’instant en instant plus serré et plus opaque de leur merveilleux travail, le dos replié sur lui-même, promener de droite et de gauche leur petite brune. Je calculai même que, pour un fil de 14 à 1500 mètres (longueur normale du fil d’un cocon), ils avaient dû exécuter environ 300.000 mouvements de tête  ! Inutile d’ajouter que, parmi mes camarades, les plus intimes furent admis en cachette à jouir du beau spectacle. Ils regrettèrent alors amèrement de s’être découragés dans leur œuvre d’éducation, ou de s’être laissé ‘chiper’ leurs chenilles par M. le Surveillant, ou de les avoir écrasées par mégarde entre deux bouquins.
 Quand mes deux tisserands eurent accompli leur tâche, comme leurs aïeux, ils s’endormirent dans leur sépulture de soie.
 Et nous attendîmes tous avec confiance le jour de leur résurrection.
- C’est vrai  ! interrompit la femme, ils sont dans un tombeau et puis ils ressuscitent. C’est comme la Religion nous l’enseigne pour nous.
- Oui, repris-je, et ils ressuscitent dans une forme plus parfaite : la chenille se réveille un jour avec des ailes de papillons.
- Comme nous, dit la fillette, si nous devenons des anges  ! Quoique, ajouta-t-elle aussitôt d’un air averti, nous savons bien que les anges sont de purs esprits et qu’ils n’ont point d’ailes : c’est pour signifier qu’ils vont vite quand le bon Dieu les commande.
- Mademoiselle, vous parlez d’or  ! Dieu a mis dans la nature des symboles frappants de notre propre destinée. Allez dire à ces insectes qui sentent peu à peu leurs membres s’engourdir, que cette létargie n’est pas l’anéantissement, que ce tombeau dans lequel ils s’enferment ne sera pour eux que l’antichambre d’une vie meilleure. S’ils pouvaient vous comprendre et vous répondre, peut-être se moqueraient-ils de vous… ‘L’autre vie, diraient-ils, qui l’a vue  ? Personne n’en revient pour l’expliquer’.
 Et, en effet, les apparences semblent donner droit à leur grossier raisonnement. Aucun de ces vers n’a vu cette vie future  ; ils n’ont même jamais connu le papillon qui fut leur mère  ; jamais aucun papillon n’est redevenu chenille pour leur dévoiler le secret de leur destinée. Et cependant, petite chenille raisonneuse, tu te trompes, tu reconnaîtras bientôt ton erreur  ; et, si tu accomplis la tâche que le Créateur t’a imposée, toi aussi, pauvre ver qui rampes maintenant sur ta misérable litière, un jour tu te réveilleras papillon  !
 Un silence s’était fait dans la magnanerie  ; on ne percevait plus que le bruit sec des innombrables mandibules qui faisaient craqueter la feuille : quelque chose comme le crépitement d’une pluie très fine et très serrée qui tomberait sur un toit…
 -‘Comme tout ce que fait le bon Dieu est bien fait  ! dit la femme. – C’est vrai’, ajouta la fillette.
 Le mari seul ne disait rien… mais quand, après quelques mots d’adieu, je pris congé de mes hôtes, je compris, à son regard fixé dans le mien, que quelque chose se passait en lui et que son incrédulité routinière avait subi un ébranlement. Sa bonne et expressive poignée de main me confirma dans cette idée.
-‘A vous revoir à bientôt, Monsieur le Curé, dit-il simplement, et merci de votre visite’.
 Je le revis, en effet, quelques jours plus tard, à sa place d’honneur parmi les hommes, à la Grande Messe, le beau Dimanche de la Pentecôte. C’étaient les prémisses de sa résurrection spirituelle : la chenille était en train de devenir papillon.

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 SIBLO MAI  !

 Quaucun de countènt, à Caderousso, l’autre dimanche, èro lou pichot Lulu  ! Soun paire, doumaci, lou gros Charloun que resto au Bàrri, lou menavo à Vioulés pèr faire lou batejat de sa pichoto, cousino Mieto de Tanturgo que vénié d’espeli.
 Avié carga soun poulit coumplèt blu-marin, e estrenavo un galant capeloun tout flame-nou que i’ avien adus, lou dijôu d’avans, dou marcat d’Aurenjo.
 Quand quitèron l’oustau, Lulu èro à-noun-plus, lis ange lou pourtavon. Coume la ceremounié devié se faire vers li dos ouro dou souar, avien dina un pau pu lèu. Pièi, s’èron embarca emé Avel, que lis avié adus à la garo pèr prendre lou trin de Veisoun que part à miejour.
 Ero lou proumié cop de sa vido que lou pichot Lulu mountavo dins lou camin de ferre. Jujas un pau vèire se devié bada  ! Email ou trin dou Bouis siègue pas lou rapide de la ‘Côte d’Azur’, Lulu trouvavo qu’anavo encaro pu vite que lou miou de soun pepèi, e risié tout soulet. Après passa Camaret, pousquè plus teni sesiho, se meteguè à la pourtièro pèr vèire tuba la machino i countour.
 - Lulu, te dise de t’asseta  ! ié venié soun paire  ; que lou vènt t’empourtarié toun capèu, am’aco sariés pouli  !
 - Agues pas pou, risco rèn, respoundié lou pichot. Mai Charloun, pèr lou faire resta tranquile, s’avanco d’aise dou pér darrié e, lestamen, ié lèvo soun capèu et l’escound dessout sa vèsto :
 - Tè, pichot bedigas, te lou disiéu proun  ! toun capèu s’eis envoula, aro courre ié après  !
 Et Lulu, subitamen gounfla coume un perus, vague de ploura, e bramo que bramaras  ! Talamen que touti li gènt dou vagoun coumençavon des’acampa.
- Amen, amen, teiso-te  ! ié fai Charloun en risènt, se lou vos mai, toun poulit capèu, ai qu’à sibla, e lou veiras reveni pèr la pourtiero  !
 Aco disènt, siblo  ; Lulu regardo deforo, esoun paire adrechamen ié mes lou capèu sus la tèsto. Vaqui mai Lulu countènt coume un rèi  !
 E, senso mai s’oucupa dou pichot, Charloun avié entamena, la counversacioun emé un de sis amis qu’avié rescountra dins lou trin, lou viei Toinet d’Aubignan, que fasié dins un tems lou coumerço di pèu de lapin. Lou trin filavo, e estènt que venié d’aganta la descènto dou bos de Cabassolo, coume lis ase à la davalado i’ anavo de soun tout. Tout-à-n’un cop, sèns rèn dire aganto soun capèu e, tant liuen que pou, lou jito à travès lis euse, e, tout risoulet, se virantde vers souyn paire :
- Que  ? pa, siblo mai  !
Oh  ! que bacèu sus la gauto dou paure pichot  !
- Tunerro de sort, cridè Charloun, mai siés inoucènt  !
- Qu’eis eiço  ? Tout acô venié. Pièi risien touti.
Mai lou vièi Toinet : Perqué, aussi, dire de bestiso is enfant  ? Véses ço que t’arrivo  ! lou piques plus  ; ei tu qu’as tort  !
 Aco n’en sieguè pas mai, e lou paure Charloun n’en fuguè quite pèr achata un nouvèu capèu enco de Cleyso sus la placo de Viéulés.
 E tout en couifant soundrouloun :
 - Tè, Lulu, ié diguè saubras aro que pèr faire veni li capèu sus ta tèsro, li bihet de cinq franc an mai de tirado que li cop de siblet  !
 Lou BARRULOUN.

 LA VOIX DU LUBERON
 — : —

 Tel est le titre du Bulletin Paroissial du Canton de Bonnieux et de Robion. Nous y cueillons un article sur les célèbres carrières de pierre de Ménerbes qui certainement intéressera beaucoup nos lecteurs.
 Cette pierre, d’un grain très fin et très blanc, n’est pas ‘gélive’, comme disent les gens du métier, c’est-à-dire qu’elle ne s’imbibe pas de l’eau de pluie ni de l’humidité& atmosphérique, et par conséquent elle n’a pas à redouter les effets désastreux du gel qui désagrège les surfaces durant la froide saison. Au contraire, elle possède la propriété remarquable de durcir avec le contact de l’air, de sorte que les moulures et les ornement de toute espèce, que le ciseau du sculpteur y fait fleurir, se raffermissent et se conservent presque indéfiniment.
 C’est elle qui le plus souvent recouvre, dans notre cimetière paroissial, la tombe de nos chers disparus. Beaucoup de nos églises et chapelles rurales, avant de s’agenouiller radieuses et blanches dans leur robe de pierre, dormaient depuis la création du monde dans les flancs du Lubéron.
 C’est du Lubéron que l’Administration des Monuments historiques tire les blocs employés à la restauration de nos merveilles architecturales du département de Vaucluse, telle, par exemple, la Chapelle Ducale de Caderousse, bijou de style flamboyant, don elle vient d’entreprendre une reconstitution complète. La basilique aérienne de N.D. de Lourdes, chère entre toutes à nos cœurs, est sortie des carrières du Lubéron. Nous disons quelque jour en détail les monuments tant religieux que civils de notre pays qui leur doivent leur matière première. Pour aujourd’hui nous cédons volontiers la plume à notre spirituel confrère de Ménerbes :

 
 NOS CARRIERES

 Le voyageur qui va d’Apt à Cavaillon, ne manque pas de remarquer sur les flancs du Lubéron de larges taches d’une blancheur de neige.
 Arrivé en gare de Maubec, l’explication de ce phénomène s’offre d’elle-même à son regard sous forme de gros blocs de pierre. Il y en a des pyramides sur les quais, d’autres sont déjà sur des wagons qui vont être accrochés à son train par une manœuvre qu’il trouvera un peu longue.
 Aussi bien, comme tant d’autres avant lui, ira-t-il de sa petite réflexion, un peu banale à force d’être redite, que les wagons vous répèteraient par cœur, qui n’émeut plus le chef de gare et qui ne fait pas partir son train plus tôt.
 Vous l’avez entendue maintes fois cette réflexion : ‘Il ne faut pas être pressé quand on voyage par ici. Parlez-moi des rapides  !’
 Et voilà notre voyageur embarqué sur les rapides des grandes lignes qui passent presque sans être vus. On cause, le temps passe, la manœuvre aussi et le train s’en va vers Robion.
 Ces larges taches entrevues sur les flancs de la montagne ne sont pas autre chose que les carrières d’où sont sortis las gros blocs que l’on voit dans les gares de Maubec ou de Lumières : ce sont les carrières d’Oppède, de Ménerbes, de Lacoste.
 Si nous allions les visiter  ? Commençons par celle qui s’offre du lus loin à nos regards, celle d’Oppède. Nous ne risquerons pas de nous égarer. Le but est bien visible, les chemins bien tracés et bien enfarinés.
 A mesure que nous approchons la tache blanche se creuse et s’élargit. Des points nous apparaissent bientôt qui se meuvent comme des fourmis sur un marbre blanc.
 Quelques pas encore et nous voilà au pied de la butte. La déchirure pratiquée dans la montagne prend alors des proportions gigantesques.
 Un chemin en lacets s’ouvre devant nous, nous y grimpons en contemplant le ravissant panorama qui s’offre à nos regards émerveillés, et nous arrivons en plein chantier.
 Si le soleil est de la partie, c’est le moment de sortir vos verres noirs. Les fourmis aperçues de loin ce sont les ouvriers qui vaquent à leur tâche, étagés par degrés en amphithéâtre.
 Mesurez d’abord du regard les dimensions de cette entaille faite dans le rocher. Afin de mieux vous rendre compte, prenez pour terme de comparaison les blocs de trois ou quatre mètres cubes au milieu desquels vous vous mouvez. Combien en faudrait-il pour combler le trou béant  ?
 Tout en haut de la butte ce sont des terrassiers qui préparent les voies et font la découverte.
 Courbé sur une longue mèche, en forme de vrille, celui-ci creuse sur son carreau un trou qui marquera l’angle intérieur de son bloc et que tout à l’heure il rejoindra avec la scie.
 Celui-là imprime un mouvement de va-et-vient à une longue et lourde scie qui mord à belles dents dans le morceau et en fait giscler de la poudre de riz.
 Quand le bloc ne tient plus que par la base, quelques coins bien placés et bien tapés le soulèvent.
 Puis épaulé par un cric puissant, il est roulé au fond du chantier où l’attend un lourd charriot qui le transportera à la gare.
 Mais avent, on lui passera la visite, on l’auscultera pour savoir s’il est sain. Un léger coup de marteau sur les côtes suffira à l’oreille exercée du carrier pour établir son diagnostic.
 S’il sonne clair, c’est qu’il est bon. On le réserve, et on le marque.
 S’il sonne faux, c’est qu’il a la paille, et il est réformé. Impropre à la sculpture ou à l’architecture, il sera réservé à la maçonnerie. A moins qu’il n’aille rouler au fond de la gorge avec tant d’autres.
 (À suivre). H. V.

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 A TRAVERS CHAMPS

 La pluie que chacun attendait depuis de longues semaines est enfin venue. Les champs de blé ont profité de la fraicheur et du soleil déjà printanier pour prendre un aspect bien plus satisfaisant.
 Dans la vallée du Rhône, les épinards se sont brusquement développés, mais tout sont généralement encore trop petits pour être ramassés. La cueillette principale n’aura lieu que le mois prochain. Cette culture tend à prendre de l’importance depuis quelques années, surtout dans les terres franches ou sablonneuses. Rares semis de pommes de terre, à cause du prix élevé des semences et du peu de satisfaction donné par ces dernières depuis quelques années.
 Quelques tiges de luzernes commencent à faire leur apparition  ; mais comme nous disons ici, ‘éi de pasturo qué vai pas din la fenièro’  ; En effet, les gelées blanches que nous pouvons encore subir se chargent de détruire en peu de temps cette végétation imprudente. Gare aussi, dans les terrains calcaires, aux beaux amandiers en fleurs  ?
 Le prix de la paille à balai poursuit sa marche ascensionnelle et varie maintenant autour de 150 Fr. Quant aux fourrages secs, ils se payent de 35 à 37 Fr. le tout aux 100 kil.

 Le Vauclusien

 MAIS SI  !

 Vraiment  ! Non  ! Monsieur le Curé, ne me demandez pas cela  ! La messe, oui, tant que vous voudrez  ! Vous savez bien que je n’y manque guère  !...
 Mais les Pâques  ? Non  ! Ecoutez, Monsieur le Curé, il faut être raisonnable, et ne pas trop demander aux gens. N’était le respect que je vous dois…
 -Vous me diriez de vous laisser tranquille  ! Oui, mais je ne le puis pas. Il y a un commandement de l’Eglise, lequel oblige tous les Chrétiens : ‘Ton Créateur tu recevras, au moins à Pâques humblement’. Je manquerais à mon devoir, si je ne vous le rappelais pas.
 -Mais, je le connais votre commandement. Seulement, voyez-vous, je n’ai pas l’habitude de faire mes Pâques, et je n’en vaux pas moins pour cela  !
 -Pardon  ! Vous vaudriez mieux, si vous les faisiez.
 -Allons donc  ! Regardez tel et tel qui les font et qui…
 -Je vous arrête : ceci n’est pas digne de vous. Vous savez bien qu’aujourd’hui, il est plus avantageux d’être un coquin qu’un honnête homme. Quand un coquin, par distraction, se montre un peu moins coquin qu’à l’ordinaire, immédiatement les badauds s’écrient : ‘Voyez, il n’est pas si mauvais que ça  !’ Qu’un brave homme, au contraire, ait un défaut, aussitôt les même badauds prennent des airs effarouchés  ; ‘Oh  ! disent-ils, il fait pourtant ses Pâques  !’ Voilà qui est profondément injuste  ! Je ne prétends pas que tous ceux qui font leurs Pâques soient parfaits  ; mais je suis sûr de n’avoir pas tort en les préférant aux autres. D’ailleurs, il ne s’agit pas des autres, mais de vous, et je suis sûr que vous gagneriez à faire vos Pâques  ?
 -Bah  ! Monsieur le Curé, à mon âge, on ne change guère  !
 -Erreur  ! On change à tout âge. Nous ne remarquons que les changements brusques  ; mais il y a un changement lent et continu qui échappe à notre attention et qui est réel pourtant : les idées se modifient  ; et les défauts augmentent ou diminuent  ; la foi devient plus vive ou s’éteint graduellement.
 -Je suis bien sûr que je reste toujours le même  ; et je ferais mes Pâques, que ce serait la même chose : je garderais mes défauts, comme auparavant  !
 -Qu’en savez-vous  ? Un examen de conscience sérieux, une résolution réfléchie et surtout la grâce de Dieu vous aideraient puissamment à lutter contre ces défauts dont vous reconnaissez loyalement l’existence. Puis, admettons même que vous ne remarquiez pas de changements, n’est-ce rien que d’avoir fait un acte de volonté bonne  ? N’est-ce rien que de vous être assuré que vous savez encore faire une bonne confession, un bon acte de contrition. D’un moment à l’autre, la nécessité de faire une bonne confession, un bon acte de contrition peut surgir  !
 -Je ne dis pas  ; mais…
 -Je vous en supplie, ne cherchez pas de mauvaises raisons  ! Considérez au contraire, les sérieux motifs qui vous appellent à la Table Sainte.
 L’Eglise vous le commande. Elle veut que vous montriez que vous lui appartenez vraiment et du fond du l’âme.
 Notre Seigneur l’exige. Il a dit : ‘Si vous ne mangez pas ma Chair et si vous ne buvez pas mon Sang, vous n’aurez pas en vous la vie’. Que voulez-vous  ? Notre Seigneur Jésus Christ est le Maître  ! Il aurait pu, sans doute, choisir un autre moyen de communiquer sa grâce, mais, parce qu’il Lui a plu dans sa sagesse et dans sa bonté, de décider que le moyen normal, pour les adultes, de se faire reconnaître enfants de Dieu, serait de s’unir à Lui par la Sainte Communion, nous n’avons qu’une chose à faire : accepter avec reconnaissance le moyen que sa bonté nous prescrit.
 Allons  ! Un bon mouvement, et venez  !

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 LA PRIERE

 Oh  ! s’écriait sainte Thérèse, s’il m’était donné de me faire entendre, du sommet d’une haute montagne, à tous les hommes, je leur crierais : ‘Priez  ! Priez  ! Priez  !’. Saint Alphonse, après avoir cité cette exclamation, exprimait un souhait semblable, dans la préface de son Livre, Le grand moyen de salut, la Prière :’je voudrais, écrivait-il, qu’il me fût possible de faire imprimer autant d’exemplaires de ce livre qu’il y a de chrétiens sur la terre, et de leur distribuer à tous, afin qu’il n’y en ait aucun qui ne fût instruit de la nécessité où nous sommes tous de prier pour être sauvés (p. 8). Et il concluait par ces graves paroles :’Celui qui prie se sauve certainement, et celui qui ne prie pas se damne certainement. Tous les Elus, hormis les enfants, se sont sauvés par la prière. Tous les damnés se sont perdus pour n’avoir pas prié  ; et leur plus grand désespoir dans l’enfer sera toujours d’avoir pu se sauver avec tant de facilité, en demandant à Dieu les grâces dont ils avaient besoin,, et de ne pouvoir plus les demander’. (p. 14). Les Pères et les Docteurs tiennent tous le même langage. Ils appellent la Prière l’arme du chrétien, et de même, disent-ils, qu’un soldat entouré d’ennemis furieux périra infailliblement s’il est sans arme et sans défense, ainsi le chrétien qui s’avance à travers les périls de la vie sans le bouclier de la prière, sera certainement vaincu par le démon  ; ils l’appellent encore la respiration de l’âme  ; et de même, dit saint Jean-Chrysôstome, qu’un poisson hors de l’eau, après quelques pénibles convulsions, défaille et meurt, ainsi l’âme ne peut vivre sans la prière, et privée de ce secours, elle ne tarde pas à tomber dans le péché. Ils l’appellent enfin la mesure de la vie spirituelle, en sorte qu’on peut mesurer la sainteté d’une âme sur la ferveur de sa prière, et que c’est apprendre à bien vivre, écrit Saint Augustin, que d’apprendre à bien prier. Oui, en vérité, celui qui prie se sauve, parce que celui qui prie obtient la grâce, et avec la grâce il peut tout. Si Dieu est avec nous, dit saint Paul, qui sera contre nous  ? Celui qui ne prie pas se damne, car celui qui ne prie pas n’obtient pas la grâce, et sans la grâce nous ne pouvons rien. Sans moi, disait Notre-Seigneur, vous ne pouvez rien faire  ! La prière est donc le Suprême moyen de salut.
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 De là, Conclusion : Tout chrétien qui veut sauver son âme, glorifier Dieu, obtenir tout ce qui lui est nécessaire doit, à tout prix et quelles que soient ses occupations, sanctifier sa vie et chacune de ses journées par la prière : 1° Le signe de la Croix, pour offrir toutes ses actions au Père et au Fils et au Saint Esprit  ; 2° La prière du matin. ‘La faites-vous bien, demandait la Saint Vierge aux deux enfants de la Salette  ? – Quand vous n’aurez pas le temps, dites seulement un Pater et un Ave Maria  ; et quand vous le pourrez, dites-en davantage  !’ Le Pater et l’Ave sont le salut du Chrétien à son Père et à sa Mère des Cieux  ; ils sont un traité d’alliance avec Dieu pour la journée et le gage de ses bénédictions spirituelles et temporelles. N’omettons jamais notre prière du matin  ; 3° La prière avant et après les repas  ; 4° La prière dans les tentations. Un des buts principaux de Dieu, en permettant au démon de nous tenter, c’est de nous amener à prier. Tant que l’enfer redouble ses assauts, ne cessons de redire : Jésus, Marie  !...Jésus, Marie, Joseph, venez à mon secours  !  ; 5° Enfin, la prière du soir en commun  ! – Pour les personnes plus libres de leur temps, chaque matin, la grande prière de la Messe et de la Communion. Et parce Qu4il n’y a rien de plus grand que ces actions divines, qu’il n’y ait rien non plus dans notre vie de plus aimé et de plus soigné. Et quand vous recevez Jésus, redites-lui bien, avec les Apôtres : Seigneur, apprenez-nous à prier  !

 THEATRE CHRETIEN

 PIECES POUR JEUNES FILLES
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 Abbé C. POUCHALON

 Marcia ou la Conversion d’une Vestale, drame en prose en 3 actes, avec chants, 3° édition. – Livret : 2 Fr.  ; Partition séparée : 3Fr.
 Le Martyre de Ste-Philomène, drame en 3 actes en prose, avec chants. – Livret contenant la musique : 2 Fr. 50.
 Jeanne d’Arc, drame en 3 actes et 4 tableaux. (Le dernier soir de Donrémy, La Marche Triomphale, Orléans et Reims, Le Calvaire) avec épilogue, Apothéose, Cantate. – Livret : 2 Fr.  ; Partition séparée : 3 Fr. 50.
 Port en sus 0.25 par exemplaire.

 Abbé Clément POUCHALON. – Jeanne d’Arc, pièce en vers qui peut très bien convenir aux jeunes filles qui jouent la comédie dans leur pension ou dans leurs familles  ; les vers sont agréables et le sujet bien présenté.
 (Annales Politiques et Littéraires, 2 Janvier 1910)
 Le Drame du Calvaire, passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, d’après les écrits évangéliques. Drame en huit tableaux et en vers, avec Chants et Apothéose.
 Lettre-Préface de M. le chanoine ANDRE, Supérieur du Grand Séminaire et Vicaire général d’Avignon. Prix : beau volume contenant la musique 4 Fr.
 Port en sus 0.70.
 Ce drame qui a été notamment représenté, au Théâtre Cirque du Hâvre, par les Confrères de la Passion et en maints endroits avec un très grand succès, deviendra la Passion classique de toutes les œuvres de jeunesse catholique.

 PIECE POUR JEUNES GENS

 Maitre Grégoire, très jolie saynète, en 3 actes, avec couplets, par Georges Descargues, pièce pour enfants, 17 personnages dont 5 principaux. Beau vol. in 8° de 80 pages, avec la musique des chants. – Prix : 3 Fr. 50 (Franco : 4Fr.)

 S’adresser à la BONNE PRESSE DU MIDI, à VAISON (Vaucluse)

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