Dans le prolongement du mardi de la paroisse sur le château intérieur de Sainte Thérèse d’Avila et en harmonie avec l’édito de la semaine dernière, je voudrais consacrer ces quelques lignes sur l’oraison.

Nous pensons bien souvent – et à tort - que cette forme de prière est réservée aux religieux, religieuses, ou bien à ceux qui ont du temps à perdre et qui ne sont pas préoccupés par les multiples occupations et soucis de ce monde. C’est oublier bien vite que l’oraison est considérée comme : « l’expression la plus simple du mystère de la prière » (Catéchisme de l’Eglise Catholique 2713, cité ensuite CEC).

L’oraison est : « le temps fort par excellence de la prière » (CEC 2714).

Si nous devions définir notre être chrétien, une multitude de définitions pourrait être faites, mais aucune ne pourrait égaler la vie intérieure et la prière, vie du cœur nouveau reçu le jour de notre baptême.
Notre « religion » n’est pas uniquement l’expression d’un culte extérieur mais avant tout une transformation de tout notre être à la suite du Christ. Nous sommes devenus disciple du Christ, membres du corps du Christ et nous avons pour dessein que se fortifie en nous l’homme intérieur. C’est ce que rappelle saint Paul dans la lettre aux Ephésiens : « Lui qui est si riche en gloire, qu’Il vous donne la puissance de son Esprit, pour que se fortifie en vous l’homme intérieur. Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour » (Ephésiens 3, 16-17).

Mais alors qu’est-ce que l’oraison ? Ste Thérèse dira : « L’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé » (Vie de sainte Thérèse 8). Le saint Curé d’Ars dira : « La prière n’est pas autre chose qu’une union avec Dieu ; c’est une douce amitié, une familiarité étonnante. Que c’est beau cette vie intérieure ! Elle nous donne l’union avec le Bon Dieu… ». (Sa pensée, son cœur, Nodet). La vie de prière n’est pas réduite à l’oraison mais elle est la forme la plus grande et paradoxalement la plus abordable. Je me place simplement tel que je suis devant Dieu pour être en sa présence et m’unir à Lui. Saint Thérèse d’Avila aimait redire bien souvent : « Il ne s’agit pas de beaucoup penser, mais de beaucoup aimer. » (Ste Thérèse d’Avila).

Alors comment faire concrètement ?

- Se mettre en présence de Dieu. Prendre le temps d’entrer dans l’oraison, dans le silence. Cela passe aussi par la position de mon corps. On peut se mettre à genoux au début et trouver ensuite une posture agréable. Confier ensuite ce temps à Marie et accueillir l’Esprit Saint qui vient prier en nous. Prendre le temps de déposer ses soucis. Tout ce qui me préoccupe. Pour que le Seigneur s’occupe de cela pendant que m’occupe de Lui. Offrir le temps que je vais passer. Seigneur je te donne ces minutes, fais-en ce que Tu veux. Je veux demeurer auprès de Toi, simplement.

- Se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu, à partir d’un texte de la Bible. Se laisser toucher par le texte. Le but n’est pas de faire un exercice, de le comprendre de A à Z, de le lire en entier, ni même d’en tirer des conclusions pratiques. Il s’agit avant tout d’écouter. On peut s’arrêter sur un mot, une phrase qui me touche et le répéter plusieurs fois. Se reposer ensuite sur cette parole. Demeurer dans le silence. Laisser passer ses distractions en revenant tranquillement à la présence de Dieu.

- Rendre grâce et demander. Vers la fin de l’oraison, prendre le temps de rendre grâce au Seigneur pour ce temps passé près de Lui, et aussi pour tout ce qui est beau dans notre vie. Je lui fait part de mes demandes, pour moi et les autres, de toutes mes intentions. Enfin je peux me disposer à voir ce que veut le Seigneur. Qu’attends-Tu de moi Seigneur, maintenant ?

Bien loin d’être une méthode, ce ne sont en réalité que quelques billes pour rentrer dans ce pour quoi nous sommes fait : l’union avec Dieu par la participation au mystère du Christ. C’est ce qui nous attends au Ciel, et ça commence ici-bas et maintenant.

Abbé Baptiste Vanel, vicaire