Dans un monde de culture éclatée où les repères font défaut, la question du sens devient première. Dieu, s’il existe, ne serait-il pas la solution à nos questions touchant le sens de la vie ou de la mort ? Là où personne ne nous répond nous sommons Dieu de le faire, de s’expliquer sur lui-même et sur la création. Mais Dieu vient à nous sans répondre à nos questions ! A peine s’est-il fait reconnaître qu’il nous appelle. Avant même que nous puissions lui poser les questions qui se pressent sur nos lèvres, il nous dit ce qu’il attend de nous. La situation est inversée : nous nous présentons comme demandeur, c’est nous qui sommes interpellés. Le problème n’est plus alors de savoir comment définir Dieu mais de décider ce que nous sommes prêts à risquer sur cette Parole qui nous rejoint au cœur de notre vie.

 Parole de Dieu dans une parole d’homme, Jésus agira de même. Il ne vient pas à nous avec un discours de sagesse qui comblerait notre faim de savoir religieux, il se présente à chacun de nous avec un appel. Sa Parole a l’autorité de la Parole de Dieu et elle n’admet qu’un type de réponse : se lever, se mettre en marche à sa suite.Ce sera la réponse de Marie et celle des disciples : le oui qui reconnaît cette Parole pour ce qu’elle est. Le oui sincère et généreux reste dans nos vies un moment d’éternité que le Père saura reconnaître.

 Au cœur de nos infidélités, la patience de Dieu ne désespère jamais de nous. C’est cette pédagogie divine, faite d’exigence et de liberté, qui nous transforme comme elle a transformé les disciples et ouvert leur cœur à l’accueil de l’Esprit-Saint.

 L’Esprit souffle où il veut et nous n’avons pas à lui fixer des limites. Mais ce n’est pas n’importe quel esprit : c’est Celui du Père et du Fils qui se révèle en nous dans le mystère de Pâques ; c’est l’Amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père dans leur œuvre commune : la nouvelle et éternelle Alliance entre Dieu et les hommes. La Pâque du serviteur est l’ultime révélation de cet amour et c’est là que l’Esprit nous est donné.

 Avant d’être celui qui résout nos énigmes ou comble nos frustrations, Jésus est d’abord Celui qui appelle. Sa Parole nous atteint au plus profond de nous-mêmes pour nous réveiller de notre suffisance et de notre médiocrité. Elle nous sauve du mal qui paralyse pour nous mettre debout : « Lève-toi et marche ». Puissions-nous accueillir cette Parole pour ce qu’elle est : un appel à la vie qui triomphe de la mort.

C’est en nous levant pour y répondre que nous recevrons l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles.

Père Emmanuel DELUEGUE