En ce dimanche où nous fêtons le mystère de la Sainte Trinité, il est bon de rappeler que nous croyons en un Dieu unique, Communion des trois personnes que sont le Père et le Fils et le Saint Esprit. Le Dieu ‘Un et Trine’ nous a révélé son dessein de partager la communion de sa vie trinitaire avec nous. C’est pour ce but que nous sommes créés à l’image de Dieu. C’est précisément cette ressemblance radicale avec le Dieu Un et Trine qui est le fondement de la possibilité de notre communion

• avec les personnes incréées de la bienheureuse Trinité
• ainsi qu’avec nos frères et sœurs en humanité.

Pour sa part, voulue par Dieu depuis toute éternité, l’Église est icône de la Trinité : elle n’est pas seulement une figure qui la représente. Elle en est l’expression efficace. L’Église est le peuple convoqué par Dieu le Père à travers les missions du Fils et de l’Esprit Saint. Ainsi, l’Église n’est pas née de la confluence d’intérêts humains. Comme son Seigneur, elle vient d’en haut et elle est inscrite dans le temps par l’admirable amour trinitaire.

Il est tentant pour l’homme de renverser l’ordre des choses et de penser Dieu à son image et à sa ressemblance humaine ! De même, il est tentant pour les fidèles que nous sommes de vouloir l’Eglise ‘à notre image et à notre ressemblance’ humaine. Ainsi, rien ne sera jamais à notre goût dans l’Eglise… et nous irons picorer ici ou là… !

Au service de notre diocèse depuis 21 ans, j’ai beaucoup réfléchi à ce que nos paroisses sont et proposent tant aux fidèles qui fréquentent régulièrement la communauté qu’aux baptisés qui ne vivent pas les exigences du baptême ou à ceux qui ne connaissent pas Jésus-Christ. Cf. Pape François dans La joie de l’évangile n°14

La paroisse apporte localement, de manière basique, (presque) tout ce qui est nécessaire à la vie de l’Eglise. Elle embrasse toute la largeur de la rivière même là où il y a peu d’eau et peu de courant… Les propositions ne sont pas toujours raffinées ou de très haut niveau. Mais le pain quotidien est là, fait de demandes variées et de réponses que nous essayons d’adapter aux besoins les plus communs. Chaque année, nous tournons la meule des baptêmes des petits enfants, de la préparation des enfants aux sacrements, de la préparation et de la célébration des mariages et des obsèques. A chaque fois, il y a une rencontre avec les familles, une annonce de l’Evangile, une invitation à rejoindre la communauté paroissiale… c’est ainsi qu’est moulue la farine offerte au Bon Dieu avec la prière des fidèles présents à la messe dominicale et pour beaucoup de paroissiens – quotidienne !

L’expression ‘tourner la meule’ évoque une certaine routine… et peut-être aussi un certain dégoût puis une prise de distance de ceux qui ont bien remarqué que dans l’Eglise, à côté de la paroisse, il y a des propositions parfois bien plus spirituelles ou plus profondes : elles sont comparables et désirables comme les veines d’eau d’une rivière où le courant semble plus vivant ! Ainsi les mêmes personnes peuvent s’abreuver à plusieurs sources !

Réjouissons-nous toujours de la complémentarité des propositions… mais, je vous en prie, rappelons-nous que la paroisse est le service de proximité de l’Eglise, le premier lieu où vivre la communion des saints à l’image et à la ressemblance de la sainte Trinité. En venant à la paroisse avec leurs pauvretés humaines et leurs richesses spirituelles, toutes les personnes agrégées par la foi, l’espérance et la charité forment une communauté qui conjugue ce que Jésus attend de son Eglise et de ses membres : la pratique des sacrements, l’annonce de la Vérité qui rend libre, la pénitence, la charité fraternelle, la vie intérieure, les œuvres de miséricorde…

Père Michel BERGER, curé