Catholiques pratiquants, notre rapport aux psaumes peut fortement varier d’un paroissien à l’autre.
Au minimum, nous accueillons le psaume comme ce chant intercalaire entre les deux premières lectures de la messe du dimanche. Lors d’un baptême ou d’un mariage, nous remarquons aussi qu’un psaume est lu ou chanté. Bien souvent, il ne s’agit que de quelques versets, choisis pour l’occasion. Nous écoutons plus ou moins distraitement… !
Avons-nous déjà lu l’intégralité du livre des Psaumes, placé dans l’Ancien Testament au début des livres de Sagesse ? Et même, avons-nous déjà pris le temps de choisir un psaume pour en faire non seulement le support de notre prière mais pour en épouser les mots et le souffle qui le traverse.

Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu. Psaume 24, 1-2

De plus en plus nombreux sont les catholiques qui connaissent et prient la liturgie des Heures, s’unissant à la ‘prière officielle’ de l’Église. Elle est composée de psaumes de telle sorte que chaque mois, les 150 psaumes soient parcourus – et priés ! – dans leur intégralité. Les psaumes sont le fonds commun de la prière des moines et moniales, des diacres, prêtres et évêques et du Peuple de Dieu depuis 2000 ans. Que dis-je ? Depuis leur composition ! En effet, les juifs pieux nourrissaient leur prière par les psaumes. Ainsi, Jésus sur la Croix entonne à haute voix un psaume avant de le continuer dans son cœur puisque pendu sur le bois de la croix, la respiration et le souffle lui manquaient.

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. 
Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n’ai pas de repos. Psaume 21, 2-3

Et avant de pousser le grand cri par lequel Il remet l’esprit, Jésus prie un autre psaume et dit encore :

Tu m’arraches au filet qu’ils m’ont tendu ; oui, c’est toi mon abri.
 En tes mains je remets mon esprit  ; tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité. Psaume 30, 5-6

Prières empreintes de poésie et composées pour être chantées, avec – parfois – le soutien d’instruments, les psaumes sont la grammaire de la prière : ils nous apprennent les règles et l’art de la prière. Les psaumes permettent d’élever à Dieu l’esprit des hommes, d’éveiller en eux les mouvements de l’âme dont ils ont besoin pour adorer, louer Dieu, lui demander pardon ou tout ce dont ils peuvent avoir besoin. Les psaumes contribuent à faire mémoire des bienfaits de Dieu dans Sa Création comme dans son action providentielle pour les hommes. Les psaumes aident admirablement à rendre grâce dans les circonstances heureuses. Ils apportent consolation et force d’âme dans l’adversité ou la tempête.

Certes, les psaumes sont un peu ardus. En feuilletant le livre des psaumes, la logique de leur thématique ne nous apparaît pas ! Bien au contraire, ils nous paraissent empilés en désordre, comme les cartes d’un jeu. C’est peu à peu que nous savons reconnaitre quel psaume choisir pour exprimer – à tel ou tel moment – le mouvement de notre âme. Les prier systématiquement dans la Liturgie des Heures nous éduque à la prière.

Soyons certains que l’Esprit Saint, sous l’inspiration duquel les psalmistes ont chanté, vient toujours avec sa grâce à notre secours quand nous les prions (chantons) avec bonne volonté. Les psaumes ne sont pas des textes à lire mécaniquement mais à mettre lentement sur nos lèvres ou à chanter ensemble, à la manière des moines, en alternance… avec une respiration au milieu du verset. Ainsi, les paroles qui se présentent à notre esprit tendent davantage à toucher les cœurs de ceux qui psalmodient.

Ainsi je peux prier les psaumes en me mettant dans la peau du psalmiste qui l’a composé… même s’il est loin de moi dans l’histoire, il est proche par son expérience d’homme assoiffé de Dieu, marqué par le péché et demandant à connaître le salut.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Psaume 50, 12

Je peux également entendre les psaumes dans la bouche de Jésus et les dire avec Lui pour Lui confier ma propre histoire devant Dieu.

Je cours dans la voie de tes volontés, car tu mets au large mon cœur.
Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ; à les garder, j’aurai ma récompense. Psaume 118, 32 - 33

Alors, frères et sœurs, 

Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom ! Psaume 95 1 – 2

Père Michel Berger